Société
L’Archipel du goulag revisité par les Pussy Riot
Publié le 10 octobre 2013 à 14:41
Par Terrafemina
Nadejda Tolokonnikova, membre du groupe punk rock protestataire russe des Pussy Riot, et emprisonnée dans une prison de Mordovie, a entamé une grève de la faim le 23 septembre. Elle souhaite protester contre ses conditions d’incarcération et les mauvais traitements répétés dont elle et les autres prisonnières sont constamment victimes. De quoi donner à réfléchir à la communauté internationale sur le système judiciaire russe.
L’Archipel du goulag revisité par les Pussy Riot L’Archipel du goulag revisité par les Pussy Riot© ABACA
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En 2012, comme deux autres membres des Pussy Riot, Nadejda Tolokonnikova avait été condamnée à deux années de prison et de travaux forcés pour blasphème et hooliganisme. Accompagnées de deux autres femmes, elles avaient « chanté » un Te Deum punk intitulé « Marie mère de Dieu, chasse Poutine » dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou. Le juge chargé de l’affaire a conclu que les trois femmes avaient commis un sacrilège et violé les règles de l’Eglise avec préméditation.

Par conséquent, depuis septembre dernier, Nadejda Tolokonnikova est incarcérée dans un camp de travail pour femmes en Mordovie, région de Russie occidentale où, pour l’anecdote, Gérard Depardieu a élu résidence lorsqu’il se trouve dans le pays. D’après ses déclarations, ses conditions de détention sont inhumaines, entre humiliations et tortures. « Afin de maintenir discipline et obéissance, il existe un système de punition officieux. Les prisonnières perdent leurs privilèges hygiéniques – il n’y a pas le droit de se laver ni d’utiliser les toilettes », a-t-elle dit au Guardian.

« Les conditions d’hygiène au sein du camp sont pensées pour faire sentir à chaque prisonnière qu’elle est un animal sale et dégoûtant, privé de tout droit », poursuit-elle. Tout semble orchestré par l’administration pénitentiaire pour imprimer une discipline de fer et une atmosphère rappelant les pires heures de l’histoire des goulags. Nadejda Tolokonnikova se décrit elle-même comme une esclave craignant pour sa vie du fait des violences commises par les surveillantes, mais aussi par les autres détenues. Elle révèle également le cas d’une prisonnière tzigane battue à mort, dont le décès aurait été étouffé par les autorités.


<< Nadejda Tolokonnikova, une Pussy Riot en danger de mort ? >>


Outre les motivations ou les actes des Pussy Riot, qu’il est toujours possible de contester, tout comme la véracité des descriptions de Nadejda Tolokonnikova, dont il est peut-être permis de douter, cette sombre histoire jette une nouvelle fois l’opprobre sur le système russe actuel. Déjà fréquemment critiqué par la communauté internationale pour sa capacité à réduire au silence ses opposants politiques, le pouvoir russe se voit encore pointé du doigt. Le recours aux camps de travail forcé dans des conditions d’insalubrité alarmantes n’est qu’un triste exemple de plus.

Espérons maintenant que ce genre de déclarations dans la presse ne vienne pas nuire davantage à la rockeuse rebelle. Vladimir Poutine a largement les moyens de la réduire au silence, et le président russe n’a certainement pas besoin de mauvaise publicité supplémentaire alors que le contexte est déjà agité sur la scène internationale. Le chef de l’Etat russe est actuellement opposé à Barack Obama pour ce qui concerne une intervention armée en Syrie. Tout comme ses relations avec l’Union européenne ne sont pas au beau fixe dans la mesure où il cherche à garder les pays d’Europe de l’Est, comme la Biélorussie, l’Ukraine ou l’Arménie dans son escarcelle. En novembre à Vilnius, lors de la réunion européenne sur les partenariats orientaux, ces pays auront la possibilité de s’éloigner de cette justice expéditive à la russe.

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