« Il faisait très sombre, on ne voyait rien. J'ai entendu un cri, je pense que c'était ma grand-mère, mais je ne la voyais pas ». Mardi 29 octobre, ce ne sont pas les voix des parlementaires qui résonnaient dans les couloirs du Capitole à Washington, mais celle d'une fillette revenant sur les conditions de vie de sa famille, sans cesse dans la crainte d'une attaque de drones américains.
Venue du Pakistan avec son père et son frère, Nabila, dont le témoignage rappelle celui de sa jeune compatriote Malala Yousafzai, est intervenue dans le cadre d'une audition organisée par le député démocrate Alan Grayson et Robert Greewald, auteur d'un documentaire sur les drones qui est sorti mercredi aux Etats-Unis. Il y a tout juste un an, un des ces appareils a envoyé ses missiles à proximité de la maison de la famille de Nabila. La jeune fille, qui vit dans les régions montagneuses du Pakistan, où les talibans et autres mouvements islamistes armés trouvent refuge, y a perdu sa grand-mère.
Momina Bibi, 67 ans, a en effet péri alors qu'elle récoltait des légumes dans son jardin. « On aurait dit qu'elle avait explosé en morceaux », a renchéri le frère de la fillette, Zubair, 13 ans, également présent lors de l'audition.
Alors que les conséquences de cette nouvelle forme de guerre contre le terrorisme suscitent la controverse, un sentiment d'impuissance prédomine chez les associations et ONG qui luttent pour une meilleure prise en compte des victimes collatérales de ce type d'opération. « J'invite prestement le président Obama (...) à rencontrer cette famille et à lui expliquer pourquoi leur grand-mère est morte », a ainsi lancé Mustafa Qadri, qui travaille sur le Pakistan à Amnesty International, cité par Big Browser.
L'ONG, qui a enquêté sur 9 des 45 attaques ayant touché cette région, au nord-ouest du Pakistan, entre janvier 2012 et août 2013, estime que certaines s'apparentent à des « exécutions extra-judiciaires ou des crimes de guerre ».
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