Un nourrisson sur 1 500 à 2 000 naît avec une ambiguïté sexuelle. Et face à la pression qui pèse sur les parents de ces nouveau-nés, poussés à décider des opérations chirurgicales controversées, l’Allemagne a décidé de reconnaître un troisième genre. Ainsi la case réservée au sexe de l’enfant pourra être laissée vierge sur les certificats de naissance, créant ainsi une catégorie « indéterminée » sur les registres de l’état civil. « C'est la première fois que la loi reconnaît qu'il existe des êtres humains qui ne sont ni homme, ni femme, ou sont les deux - des gens qui ne rentrent pas dans les catégorisations légales traditionnelles », a réagi Konstanze Plett, professeur de droit à l'Université de Brême (nord-ouest) et spécialiste du droit des personnes intersexuées. Selon lui, cette mesure pourrait même s’étendre à d’autres documents officiels.
Pourtant cette loi, une première en Europe, « n'est pas appropriée pour résoudre l'ensemble des problématiques complexes des personnes intersexuées », a rappelé le porte-parole du ministère de l'Intérieur. En effet, la loi concernant le mariage et l'union civile doit par exemple aussi être clarifiée : en Allemagne, seul un homme et une femme peuvent se marier et seuls de personnes de même sexe peuvent contracter une union civile. Mais ce ne sont pas les seules questions que pose cette nouvelle identité : « À l'école, il y a des toilettes pour les garçons et des toilettes pour les filles. Où l'enfant intersexué va-t-il aller ? », s’interrogeait, par exemple, Silvan Agius, de l'organisation ILGA Europe, une association qui milite en faveur de l'égalité des droits pour les homosexuels, lesbiennes, bisexuels, personnes trans- et intersexuelles.
En effet, contrairement à l’Australie qui reconnaît trois identités différentes dans les documents officiels, la loi allemande « ne va pas immédiatement créer un espace dans lequel les personnes intersexuées pourront être elles-mêmes », rappelle Silvan Agius. Pour les associations, il est donc aussi indispensable de sensibiliser la population afin d’éviter le risque de discrimination. « Il est absolument impératif que parents, éducateurs et médecins soient informés sur la vie des personnes intersexuées », a ainsi affirmé Lucie Veith de l'Association allemande des personnes intersexuées.
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