Une démarche inédite. Pour la première fois de son existence, l'Église catholique va sonder l'opinion de son milliard de fidèles sur une notion qui lui est chère : celle de famille. Depuis mardi 5 novembre, un questionnaire de 38 questions, portant sur le divorce, la contraception, les unions libres ou encore le mariage homosexuel, est adressé à l'ensemble des conférences épiscopales du monde. Le but ? Aider Rome à dresser un état des lieux des « situations matrimoniales difficiles » des croyants et préparer le synode des évêques sur « les défis pastoraux de la famille dans le contexte de l'évangélisation », qui se tiendra en octobre 2014. Avec, à terme, l'ambition du Vatican de proposer, dès 2015 une nouvelle « pastorale de la personne humaine et des familles ».
Signe d'une attention plus marquée de la part du Pape François que ses prédécesseurs pour les consultations collégiales, le questionnaire s'adresse tant aux laïcs qu'aux « prêtres, séminaristes, aumôniers, catéchistes... », qui évoluent au sein de l'Église et porte sur des thèmes considérés comme sensibles par le Vatican. Ainsi, ce dernier propose pour la première fois à ses fidèles de s'exprimer sur le divorce : « Comment la miséricorde de Dieu est-elle annoncée au divorcés ? », « Les séparés et les divorcés remariés sont-ils une réalité pastorale importante dans votre église particulière ? À quel pourcentage pourrait-on l'estimer ? ». Mais aussi sur le concubinage (« Le concubinage ad experimentum est-il une réalité pastorale importante dans votre église particulière ? À quel pourcentage pourrait-on l'estimer ? »), ou sur les unions homosexuelles : « Existe-t-il dans votre pays une loi civile qui reconnaisse aux unions de personnes du même sexe une quelconque équivalence au mariage ? » et « Quelle attention pastorale est-il possible d'avoir envers des personnes qui ont choisi de vivre selon ce type d'union ? ».
Mais si l'Église catholique, par le biais de son questionnaire, s'interroge sur les nouvelles formes prises aujourd'hui par la notion de famille, faut-il pour autant y voir une forme de reconnaissance de ces situations qu'elle considère comme « irrégulière » ? Si le Vatican semble encore loin de les accepter (« Au sein même de l'Église, la sacralité du mariage montre des signes de faiblesse, voire de total abandon », note ainsi le document), il semble cependant être prêt à entamer les démarches pour les tolérer. Le document déclare ainsi vouloir prêter une « attention » renouvelée aux « pratiques qui ne conduisent pas au mariage, union et adoption par des personnes de même sexe, mariages interreligieux, […] familles monoparentales, mères porteuses… », et réserver un accueil « aménagé » aux pratiquants vivant en « situation irrégulière ». Une exception ? L'avortement et la contraception, que l'Église condamne définitivement en se référant à l'encyclique Humanae vitae de 1968.
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