Prochainement, les Femen ouvriront leur premier QG en Grande-Bretagne. C'est ce qu'a indiqué Inna Shevchenko, la leader des sextrémistes en fin de semaine dernière à la presse britannique. Signe que les militantes aux seins nus et aux cheveux ornés d'une couronne de fleurs sont encore considérées, outre-Atlantique comme une curiosité française, le Telegraph et le Guardian ont tous deux consacré un long portrait à la militante ukrainienne, qui dirige la branche française du mouvement. Dans les deux articles, Inna Shevchenko revient sur les origines de Femen, sur son adhésion au mouvement, sur son rapport au féminisme et son exil en France, après qu'elle et plusieurs autres militantes eurent été la cible de menaces en Ukraine. Surtout, la leader Femen revient sur la nécessité, malgré les critiques et les coups qu'elles reçoivent, de continuer le combat et de l'exporter jusqu'en Grande-Bretagne. « Le féminisme, ce n'est pas seulement une pensée, explique Inna au Guardian, quand on écrit une magnifique théorie avec une belle explication très claire et pertinente. Les féministes, ce n'est pas seulement ça. On peut tout faire, et Femen est une sorte d'Al-Qaida féministe. Nous sommes des féministes terroristes, nous arrivons pour vous montrer comment ça marche. »
Pour Inna Schevchenko, l'arrivée prochaine des militantes Femen en Grande-Bretagne n'a rien d'opportune, et répond à une demande des femmes britanniques. Dans l'entretien qu'elle a accordé au Telegraph, elle explique : « Généralement, la décision d'ouvrir une nouvelle succursale répond au souhait des femmes dans ces pays. Nous avons été contactées par au moins 20 femmes qui nous ont dit que la Grande-Bretagne avait besoin des Femen et qu'elles souhaitaient rejoindre notre mouvement », affirme-t-elle.
Mais pour quels combats ? Alors qu'en France, la première véritable action des sextrémistes a été en faveur du mariage homosexuel, leurs modes d'action provocateurs, accusés notamment de véhiculer les clichés machistes, et leurs revendications qui ont à plusieurs reprises flirté avec la religiophobie, ont nui au mouvement, qui s'est peu à peu essoufflé. Qu'ont donc à offrir les Femen au combat féministe britannique ? Inna Schevchenko explique au Telegraph : « L'un des principaux problèmes dans notre société, c'est que tout le monde considère le féminisme comme traitant des questions spécifiques aux femmes comme l'avortement ou les règles. Nous essayons de faire en sorte que le féminisme soit aussi la considération de l'opinion des femmes dans chaque protestation politique et chaque décision sociale du pays. » Et de déclarer que les militantes comptent bien s'attaquer à la « société patriarcale » britannique, en abordant de front des questions sensibles comme la prostitution, l'immigration, l'excision, l'extrémisme islamique et le conservatisme britannique. « Nous allons trouver le moyen de venir à l'école Al-Madinah [une école musulmane accusée de ségrégation envers les femmes, ndlr] ou à Buckingham Palace », ajoute-t-elle dans son interview au Guardian.