Douze ans après la chute du régime des talibans en Afghanistan, le pays pourrait, selon le président du syndicat des avocats indépendants, prochainement réappliquer une application stricte de la charia en autorisant à nouveau la peine de mort par lapidation en cas d'adultère. Une décision confirmée par Rohullah Qarizada, l'un des membres de la Commission sur la loi coranique. « Nous travaillons sur un projet de code pénal de la charia prévoyant que la lapidation serait une sanction de l'adultère, s'il est confirmé par quatre témoins oculaires », a-t-il déclaré.
Le projet d'amendement, soutenu par la frange la plus conservatrice de la classe politique afghane, prévoit notamment l'exécution en public par lapidation des hommes ou des femmes mariés reconnus coupables d'adultère. Les célibataires ayant eu une relation avec une femme mariés seront pour leur part passibles de « cent coups de fouet », également exécutés en public.
Interrogé par l'AFP, un conseiller du ministre de la Justice Ashraf Azimi a confirmé que la lapidation pourrait prochainement être rétablie : « Le ministère, ainsi que d'autres institutions judiciaires afghanes, travaillent sur une loi pour sanctionner l'adultère, le vol et la consommation d'alcool avec la charia, la loi islamique », a-t-il indiqué.
Une décision que condamne fermement l'ONG Human Rights Watch, qui a fait savoir par la voix de son responsable en Asie Brad Adams qu'il s'agissait d'un indéniable recul des droits de l'homme dans le pays. « Il est choquant de constater que l'administration [du président] Karzaï puisse envisager de rétablir la lapidation douze ans après la chute des talibans », a-t-il déclaré, avant d'en appeler au « rejet de cette proposition ». « La peine de mort par lapidation constitue une violation de toutes les normes internationales en matière de droits de l'hommes », s'insurge Human Rights Watch. Et de rappeler que seuls les progrès du pays en matière de respect des droits de l'homme permettront le déblocage des 16 milliards de dollars promis par des bailleurs de fonds internationaux de l'Afghanistan lors de la conférence de Tokyo qui a eu lieu en 2012. Les bailleurs « doivent envoyer le message clair qu'un rétablissement de la lapidation dans le code pénal […] aurait un impact immédiat sur l'aide octroyée au gouvernement. »
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