Le Chili a désigné ce dimanche son nouveau chef d'État. Sans surprise, c'est la socialiste Michelle Bachelet qui a été, une nouvelle fois, propulsée à la présidence du pays avec 62,1% des suffrages au second tour de l'élection. Son adversaire, la candidate conservatrice Evelyn Matthei, a quant à elle obtenu 37,8% des votes. Un plébiscite au goût de déjà-vu. En effet, la sexagénaire, pédiatre de formation, avait déjà accédé à cette fonction entre 2006 et 2010, devenant ainsi la première femme élue à la tête d'un pays sud-américain. Mais malgré un mandat achevé avec une popularité record, elle n'avait pas pu se représenter immédiatement, la Constitution interdisant d'exercer deux mandats consécutifs.
Entre temps, Michelle Bachelet avait donc quitté Santiago pour New York où elle avait été nommée directrice exécutive de l'ONU Femmes. L'occasion pour elle de nouer davantage de contacts avec l'élite des dirigeants mondiaux et d'étoffer son bagage diplomatique. Appréciant particulièrement ses fonctions au sein de l'Organisation des Nations Unies, Michelle Bachelet s'était montrée réticente à un retour à la vie politique l'année précédant la présidentielle, n'officialisant sa candidature qu'au dernier moment. Finalement c'est son « sens inné du devoir et des responsabilités » qui aurait déterminé son retour, comme elle l'expliquait récemment dans une interview à l'hebdomadaire chilien The Clinic, dont Le Parisien se fait l'écho.
Quoi qu'il en soit, au lendemain de sa réélection, les attentes dans le pays sont fortes. Et malgré sa très grande popularité, la nouvelle présidente - qui sera investie en mars prochain – est consciente que sa tâche ne sera pas facile. Après l'annonce de son écrasante victoire, elle a d'ailleurs adressé un premier message aux Chiliens réunis près du palais présidentiel de La Moneda : « Nous allons accomplir les profondes transformations dont le Chili a besoin et nous le ferons avec responsabilité », leur a-t-elle lancé. Elle a également insisté sur l'urgence de construire un « Chili plus juste », d'en « finir avec les inégalités ». Et de prévenir : « Ça ne va pas être facile, mais quand a-t-il été facile de changer le monde pour l'améliorer ? ».
Celle qui pendant la campagne avait notamment promis de légaliser l'avortement en cas de viol ou de danger pour la mère, mais aussi de mettre sur la table le sujet du mariage homosexuel, s'est ainsi engagée à mettre en œuvre 50 réformes dès les 100 premiers jours de son mandat. Son programme est notamment fondé sur une révision de la Constitution de 1980 héritée de la dictature d'Augusto Pinochet. Elle envisage, par ailleurs, une réforme fiscale avec une augmentation de l'impôt des sociétés de l'ordre de huit milliards de dollars (3% du PIB). Le but de la manoeuvre ? Financer entre autres une refondation du système éducatif, l'amélioration du système de santé, des retraites et des services publics.
Enfin, un changement du mode d'élection des députés devrait permettre de dégager des majorités plus claires au parlement et d'ouvrir la voie aux réformes de fonds visant à réduire les grandes inégalités dont souffre le pays. Autant de mesures qui devraient, comme le clame Michelle Bachelet, aider le pays à entrer dans une « nouvelle ère », celle de l'après-Pinochet.