Avorter ne sera plus un droit pour les femmes espagnoles durant les 14 premières semaines de grossesse. Vendredi 20 décembre, le gouvernement espagnol (Parti Populaire) a voté le projet de loi (du nom d'Alberto Ruiz-Gallardon, ministre de la Justice qui a écrit ce texte) contre le droit à l’avortement. Ce droit, qui existait seulement depuis 2010, n’est donc plus d’actualité. L’avortement redevient un délit dépénalisé sur certains points, comme ça l’était selon la loi de 1985. Ce projet de loi a été voté par quinze hommes et aucune femme.
La sexista Comisión para Derogar la Ley del Aborto.15 hombres decidiendo sobre el cuerpo de la mujer ¿Puede ser peor? pic.twitter.com/DugT62qpCf
— Lola Oltra (@lolaoltra) 6 Juin 2013
"La Commission sexiste pour déroger la loi sur l'avortement. 15 hommes qui décident sur le corps d'une femme. Est-ce que ça peut être pire?"
Les femmes espagnoles ne pourront avorter légalement que s’il y a eu un viol et/ou s’il y a un « risque élevé pour la vie ou la santé mentale ou physique » de la femme, explique la loi. Et ce sera aux médecins de justifier, ou non, si ce risque est réellement présent. Par exemple, les malformations fœtales graves ne seront pas des motifs suffisants pour avorter. Les mineures devront, quant à elles, avoir l’autorisation parentale. Un retour en arrière vous avez dit ? Pas pour Alberto Ruiz-Gallardon qui a expliqué que cette loi était faite « dans l’intérêt de la femme et dans le respect des droits de l'homme ». La loi entrera en vigueur normalement dans un an.
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Pratiqués dans la clandestinité, les avortements seront qualifiés de délits mais seuls les médecins pourront être punis (jusqu’à trois ans de prison). Les femmes ne subiront aucune poursuite pénale. Une décision dont s’est félicité Alberto Ruiz-Gallardon : « la femme est une victime de l’avortement ». Un discours qui a choqué de nombreuses associations qui ont qualifié le ministre de « paternaliste ».
« La loi la plus restrictive depuis trente ans », « un retour en arrière », « où va l’Espagne ? »… Les commentaires suite au vote de cette loi se rejoignent pour la plupart. Nos voisins de l’autre côté des Pyrénées sont indignés. En premier lieu le PSOE (Parti socialiste espagnol). « C’est une honte » a publié le groupe politique dans un communiqué. « Le plus important c’est d’arrêter ça. Ils sont en train de nous enlever la liberté et ils doivent payer pour ça », a expliqué le secrétaire général du PSOE, Alfredo Pérez Rubalcaba. « Le gouvernement a changé un droit en un crime », a-t-il ajouté.
Les da igual convertir este país hoy tercermundista en una vergüenza internacional, cautivo de una Iglesia retrógrada e inquisitorial
— elsafernándezsantos (@sunsetelsa) 20 Décembre 2013
"Cela leur est égal de transformer ce pays aujourd'hui tiers-mondiste en une honte internationale, prisonnier d'une Eglise rétrograde et inquisitrice"
Des centaines de manifestants sont également descendus dans la rue, le soir même de la promulgation du projet de loi, devant le ministère de la Justice espagnole. Trois personnes ont même été placées en garde à vue. Sur les réseaux sociaux, des milliers de messages font état de l’indignation des Espagnols.
@elroto_rss #MiBomboEsMio pic.twitter.com/TAWoD4C370
— rossydepalma (@rossydpalma) 20 Décembre 2013
"Comme vous ne croyez plus aux pêchés, nous allons les transformer en crime".
La droite espagnole détruit le droit à l'avortement. Les riches iront en Hollande, les pauvres reviendront à l'aiguille à tricoter. #honte
— frédéric hermel (@fredhermel) 20 Décembre 2013