Le Kremlin chercherait-il à gagner en respectabilité à un peu plus d'un mois des Jeux olympiques d'hiver de Sotchi ? C'est en tout cas ce qu'a affirmé la Pussy Riot, Maria Alekhina, remise en liberté ce lundi, après le vote par le Parlement russe d'une loi d'amnistie.
« Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un geste d'humanisme, mais plutôt d'une opération de communication », a dénoncé celle qui purgeait jusqu'à présent une peine de deux ans d'emprisonnement pour « hooliganisme » après s'être livrée à une prière anti-Poutine, en février 2012, dans la cathédrale du Christ sauveur à Moscou.
La loi d'amnistie votée, mercredi 18 décembre, par la Douma ne concerne que les peines inférieures à cinq ans, notamment pour « hooliganisme » et s'adresse en particulier aux mineurs, aux plus de 60 ans, aux handicapés ou encore aux mères d'enfants mineurs. « Une profanation », selon Maria Alekhina qui s'insurge contre un texte qui ne concerne « même pas 10 % des détenus ».
Une manoeuvre également dénoncée sur Twitter par la porte-parole du Parti socialiste français Laurence Rossignol. « Emprisonner ou gracier reste un acte politique. Ce n'est pas la justice », a-t-elle affirmé.
Je me réjouis de la libération de #PussyRiot. Mais emprisonner ou gracier reste un acte politique.Ce n'est pas la justice. #pasdupes
— laurence rossignol (@laurossignol) December 23, 2013
Mikhaïl Khodorkovski, gracié par Valdimir Poutine la semaine dernière après dix ans d'incarcération a également lancé une charge contre la politique du Kremlin. « Je l'ai dit et je continuerai de le dire : si on veut vivre dans un pays démocratique, il faut changer le système, a lancé l'ex-patron du groupe pétrolier Ioukos. Et de dénoncer le sort réservé « aux prisonniers d'opinion ».
La grâce accordée à Khodorkovski et la libération, ce lundi, de la dernière Pussy Riot incarcérée, Nadejda Tolokonnikova, dont la condamnation avait suscité un tollé international, ne semblent pas être le fruit d'une quelconque philanthropie. En effet, soumise à la pression de la communauté internationale après l'adoption d'un arsenal législatif homophobe en juin dernier, le régime de Vladimir Poutine tente de donner des signes d'ouverture à un peu plus de quarante jours des JO de Sotchi.
Des Jeux auxquels ne se rendra d'ailleurs pas le président de la République, François Hollande, et dont la tenue est critiquée par nombre d'ONG et de défenseurs des droits de l'homme qui dénoncent les persécutions faites aux homosexuels en Russie.