« Leurs services rendus à la nation ont été oubliés pendant de trop longues années », rappelle d'emblée le Los Angeles Times. Réparation leur sera faire le 1er janvier 2014 en Californie à l'occasion de la 125e édition de la Rose Parade. En effet, ce défilé annuel de chars fleuris très populaire rendra pour la première fois hommage au Women Airforce Service Pilots (WASP), une ancienne unité féminine de l'armée de l'air américaine. Car malgré sa courte existence – officiellement lancée en 1942, elle a brusquement été dissolue en 1944 –, ce sont plus de 1 100 jeunes femmes qui ont fait partie de cette unité. Leur mission : réparer les avions militaires ou transporter les officiels à travers le pays. Entre 1942 et 1944, elles ont ainsi parcouru quelque 95 millions de kilomètres à bord de leurs appareils.
Aujourd'hui âgée de 90 ans, Alyce Stevens Rohrer avait rejoint le WASP à 18 ans. À l'époque, elle n'hésitait pas à se mettre en danger plusieurs fois par jour. Elle était chargée de faire voler les avions qui venaient d'être réparés afin de s'assurer que leurs problèmes étaient résolus et qu'ils étaient aptes à être remis en service. Ces appareils étaient indispensables puisqu'ils servaient à transporter les soldats sur les différentes bases militaires du pays. « Les gens me demandaient tout le temps : "Pourquoi avoir accepté cette mission si c'était si dangereux ?". Je répondais que ce que je faisais n'était pas dangereux comparé à la situation de mon frère, parti se battre sur les plages de Normandie », raconte-t-elle. Et d'ajouter : « Je pense que je n'ai véritablement jamais songé au danger. J'aimais juste voler ».
À l'instar d'Alyce Stevens Rohrer, de très nombreuses femmes ont ainsi pris part à l'effort de guerre au même titre que leurs homologues masculins. Pourtant, leur existence est tombée dans l'oubli au moment de la disparition de leur unité, peu avant la fin du conflit. « Tous les hommes étaient revenus et avaient besoin de reprendre nos postes. Le Congrès ne nous a jamais donné le statut militaire, les politiques disaient que nous n'étions que des femmes, qu'il fallait qu'on soit renvoyées à la maison », se souvient l'ancienne pilote. Pire, leur statut ne fut jamais clairement défini. Ni tout à fait civiles ni tout à fait militaires, elles n'ont donc jamais joui de la reconnaissance de leurs pairs. Par conséquent, parmi les 38 pilotes tuées dans l'exercice de leurs fonctions, rares sont celles qui ont été enterrées avec les honneurs du pays.
Les ex-membres de la WASP ont finalement été décorée de la World War II Victory Medal – un titre honorifique attribué aux membres de l'armée de l'air américaine – à la fin des années 1970, pendant la présidence de Jimmy Carter. Et le 1er janvier prochain, l'Amérique découvrira enfin, avec 70 ans de retard, le visage de certaines de celles qui ont combattu pour le pays pendant la Seconde Guerre Mondiale.