En Afghanistan, malgré la chute du régime des Talibans il y a treize ans, les femmes restent soumises à la loi islamique, qui leur interdit la pratique de nombreuses activités, aussi anodines soient-elles. Parmi celles-ci : le vélo. Comme en Arabie saoudite, où faire de la bicyclette reste une affaire d'hommes, les femmes afghanes qui s'essayent au cyclisme s'exposent à une lourde punition, cette activité contrevenant aux principes de la charia. Véritable tabou pour les femmes afghanes, faire de la bicyclette est " généralement considéré comme immoral ", juge Heather Barr, une chercheuse d'Human Rights Watch, spécialiste de l'Afghanistan. Interviewée par le New York Times, elle explique que pour une femme, faire du vélo se situe sur l'échelle des infractions quelque part entre la conduite d'une voiture et le crime moral, comme fuguer ou être surprise en compagnie d'un homme qui n'est ni son mari, ni un parent.
C'est dire si la pratique du vélo reste dangereuse pour les femmes afghanes, car perçue comme une preuve de leur insoumission à la charia et au pouvoir des hommes.
Une Américaine nommée Shannon Galpin a décidé de combattre l'injustice faite aux femmes et de faire du cyclisme un élément indispensable à leur émancipation. Éprise des montagnes afghanes, cette ancienne prof de pilates originaire du Colorado avait l'habitude de les parcourir seules à vélo, jusqu'au jour où elle a eu la surprise de croiser d'autres femmes à vélo. Ces dernières, en tenue de cyclisme à manche longues, avaient repliées leur voile sous leur casque et pédalaient en compagnie d'un entraîneur de l'équipe masculine de cyclisme. " Je ne pouvais pas y croire, raconte Shannon Galpin au New York Times. J'étais allée dans les zones les plus libérales du pays, et jamais je n'avais vu de petite fille sur un vélo, et encore moins une femme adulte. " Elle a alors un déclic : elle souhaite participer, elle aussi, à la libération des femmes afghanes, en les aidant à apprivoiser la petite reine. " Ces femmes ne sont pas différentes des autres Afghanes qui risquent leur vie pour aller à l'école ou pour se présenter au Parlement. Elles savent que le seul moyen de contester et de briser le tabou, c'est que les autres femmes les voient faire du vélo. "
De retour aux États-Unis, elle crée le projet Afghan Cycles avant de repartit en Afghanistan en compagne d'une photographe, une scripte, une community manager et deux photographes pour filmer les femmes qui osent défier la loi en pédalant. Leur documentaire qui dure un peu plus de 3 minutes, est disponible sur le site Internet du projet.
Depuis, Shannon Galpin envisage de retourner en Afghanistan pour distribuer un équipement haut-de-gamme aux femmes qui pédalent et, pourquoi pas, constituer une véritable équipe nationale féminine de cyclisme en perspective des Jeux Olympiques. Si rien n'est encore joué, les progrès en matière de droits des femmes eux, sont prometteurs : aujourd'hui, le pays dispose de 45 licences de cyclisme féminin, selon l'Union Cyclisme internationale.