Voici un scandale de plus en Espagne dont la famille royale se serait bien passée. Le juge José Castro, du tribunal de Palma de Majorque aurait décidé d’inculper Cristina de Borbón pour « délits fiscaux présumés et blanchiment de capitaux ». L’infante était dans le viseur de la justice depuis le printemps 2012, date à laquelle le juge l’avait mise en examen pour trafic d'influence, mais à la suite d’un recours du parquet, la décision avait été annulée.
Aujourd’hui, après avoir épluché ses comptes bancaires et ses déclarations d’impôt, le juge chercherait à établir si la fille cadette du roi Juan Carlos a une quelconque responsabilité dans les activités présumées frauduleuses de son époux. Ce dernier, Iñaki Urdangarin, fait l’objet d’une enquête depuis 2011 et ce, dans le cadre d'une affaire de détournement de fonds publics. Trois ans plus tard, c'est donc au tour de Cristina de Borbón d'être rattrapée par le scandale, puisqu'elle est d'ores et déjà citée à comparaître le 8 mars prochain devant la justice.
L’annonce de cette inculpation prolonge l’année noire que la Monarchie espérait avoir laissé derrière elle. Depuis l’automne 2011 et l’ouverture de l’enquête judiciaire sur l’époux de l’infante, l’image de la famille royale a passablement terni : enfants illégitimes, flagrant délit d'adultère, corruption... Parmi les derniers soubresauts en date : un Juan Carlos qui, en avril dernier, s'offre une chasse à l’éléphant au Botswana, alors que le pays s’enfonce de plus belle dans la crise économique.
Devant l’indignation populaire, Juan Carlos était contraint de présenter des excuses publiques, une première dans l’histoire de la monarchie. Une succession de revers et un sérieux avertissement puisqu'un récent sondage semble sonner le glas de la monarchie. Publié dans l'édition du 4 janvier du quotidien El Mundo, il révèle que 62 % des Ibériques souhaitent que le roi abdique ; tandis qu'à peine un sur deux continuent de soutenir la monarchie. Un résultat peu étonnant au regard d'une société espagnole affectée par une crise économique historique, une des plus sévères en Europe où 55% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage.
Si les frasques paternelles sont contestées depuis un moment, cette disgrâce est récente pour l’Infante Cristina. La princesse qui jouissait il y a encore peu d'une excellente côte de popularité, s’attire désormais autant les foudres des médias que le reste de la famille royale. À tel point que le magazine satirique Mongolia lui a dédié sa une en décembre dernier : elle y apparait nue, coiffée d’un bonnet de Père Noël et porte des inscriptions sur son corps indiquant : « L’Espagne est à moi » et « Je suis Sainte Cristina ». L'affront est manifeste pour celle qui a eu longtemps la réputation d'être une princesse des plus abordables et des plus simples.
Première femme de la monarchie espagnole à obtenir un diplôme universitaire, Cristina de Borbón a ainsi toujours prôné, a en croire le quotidien de gauche El Pais, « la simplicité, le sens de l’humour et le naturel ». Après une licence de sciences politiques et un master en relations internationales, elle travailla longtemps dans le privé, en tant que dirigeante au sein de La Caixa, première caisse d’épargne d’Europe. Puis, à la grande joie de la presse people, épousa en grandes pompes l'international de handball Iñaki Urdangarin en 1997. L'Espagne accélérait alors son renouveau économique et ce couple glamour en était son plus bel atout... C'était il y a 16 ans.
Manon Adoue
Espagne : le droit à l'avortement supprimé, la colère monte
Avortement en Espagne : 200 manifestants dans la rue à Paris
Belgique : la princesse Elisabeth menacée, la police enquête