Marlise Munoz est une auxiliaire médicale de 33 ans. Enceinte de quatorze semaines, elle s'est effondrée, le 26 novembre dernier, victime d'une embolie pulmonaire, pour ne plus jamais se réveiller. Transférée à l'hôpital John Peter Smith de Forth Worth, au Texas, Marlise est finalement réanimée mais déclarée en état de mort cérébrale.
Depuis, son histoire a été très médiatisée et cristallise, outre-Atlantique, les désaccords entre pro et anti-avortement, mais aussi sur la fin de vie dans un État républicain et conservateur. Car, six semaines après que Marlise a été déclarée en état de mort cérébrale, elle se trouve toujours en soins intensifs à l'hôpital de Forth Worth. Contre ses propres convictions et l'avis de ses proches, la jeune femme est maintenue artificiellement en vie par le personnel hospitalier. Au Texas en effet, une loi signée en 1999 par George W. Bush, alors gouverneur de l'État, institue que « nul ne peut arrêter ou suspendre un traitement de maintien en vie sur une patiente enceinte ».
Citée par l'AFP, la porte-parole de l'établissement Jill Labbe a indiqué dans un courriel que « dans tous les cas, JPS appliquera la loi comme elle s'applique au Texas, qui dit qu'une femme enceinte ne peut pas se voir privée d'un traitement qui la maintient en vie ». « Notre hôpital se doit d'être une entreprise citoyenne tout en fournissant un soin de qualité à ses patients », a-t-elle poursuivi. Les médecins de l'hôpital John Peter Smith comptent ainsi maintenir Marlise en vie jusqu'à ce que le fœtus atteigne 24 à 28 semaines. Elle sera alors accouchée par césarienne.
Pourtant, la décision prise par les membres de l'hôpital va à l'encontre des convictions personnelles de Marlise et de ses proches. Quatre ans auparavant, au moment de la mort de son frère, la jeune femme avait clairement exprimé son opposition à l'acharnement thérapeutique. « Nous en avions parlé, raconte son époux Erick Munoz. Nous savions tous les deux que nous ne voulions pas d'assistance respiratoire. »
Suivant l'avis de leur femme et fille, le mari de Marlise et ses parents souhaitent eux aussi qu'elle soit « débranchée ». Et évoquent notamment leurs craintes que le bébé à naître ne garde des séquelles du malaise mortel de Marlise. Avant d'être réanimée, celle-ci était restée de longues minutes privée d'oxygène. « Ce pauvre fœtus a eu le même manque d'oxygène, les mêmes chocs électriques, les mêmes produits chimiques utilisés pour faire battre de nouveau son cœur, a rappelé Ernest Machado, le père de Marlise au Dallas Morning News. De ce que nous savons, il est dans la même condition qu'elle. » « Il ne s'agit pas d'une question d'être pour ou contre l'avortement, mais de la volonté de notre fille qui n'est pas respectée par l'État du Texas », juge Lynne Machado, la mère de Marlise dans une interview du New York Times.
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Pourtant, l'histoire de Marlise réveille bien les antagonismes qui opposent pro-choice et pro-life, dans un État qui, en octobre dernier, envisageait une loi qui comptait restreindre l'accès aux cliniques pratiquant des interruptions de grossesse.
D'autant que le débat est alimenté par le flou entourant la loi de 1999, qui suscite plusieurs interprétations. D'un côté, ses détracteurs arguent que Marlise étant techniquement morte, elle ne peut s'appliquer car la jeune femme ne serait alors qu'un « simple incubateur ». De l'autre, les défenseurs de la loi font valoir que le fœtus que porte Marlise est un être humain ayant droit à la vie, et qu'il subsiste un mince espoir que la jeune femme puisse « se réveiller ».
Mercredi 8 janvier, alors que Marlise a atteint sa vingtième semaine de grossesse, Naral, une organisation américaine défendant le droit à l'avortement, a adressé une pétition au ministre de la Justice Greg Abott. Elle demande à ce que ces « décisions difficiles et pénibles soient laissées à la famille » : en l'occurrence, « débrancher Marlise, comme elle-même le voulait ».
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