Elle a résidé à l’une des adresses les plus connues au monde de 1997 à 2007. Cherie Blair a vécu au 10 Downing Street avec son mari Tony Blair lorsqu’il était Premier ministre, et contrairement à bien d’autres premières dames, a survécu brillamment à cette épreuve. L’avocate est parvenue à s’illustrer dans ce rôle, à exister aux côtés de son époux, sans pour autant renier sa carrière ni cultiver à outrance le personnage de la mère courage. Dans un entretien accordé à la journaliste Becky Anderson sur CNN International, Cherie Blair raconte sa vie de première dame, et sa vie d’après.
Avant de devenir aux yeux du grand public une « femme de », Cherie Blair était une avocate respectée et renommée en Angleterre. Habituée des prises de parole en public, elle a dû apprendre à « être vue mais pas entendue », dit-elle. « Au début, on était extrêmement surveillés par les médias. J’avais l’habitude de m’exprimer en public avec mon métier d’avocate, et là je ne pouvais plus prendre la parole. »
Cette mère de famille indépendante et très active découvre alors que sa vie ne sera plus jamais la même : « Vous pensez pouvoir continuer à vivre normalement et puis, lorsque vous arrivez au 10 Downing Street, vous réalisez alors que c’est impossible. »
Une avocate parmi les hommes
Cherie Boothe étudie le droit à la London School of Economics et devient avocate en 1976. C’est à cette même époque qu’elle fait la connaissance de Tony, qui ne lui fait pas très bonne impression au premier abord, mais avec qui elle appréciera de travailler ensuite. Ils se sont mariés en 1980 et ne se sont jamais quittés depuis.
Cherie Blair a eu le cran de se présenter au barreau alors que la profession d’avocat était encore 100% masculine. Son début de carrière a été marqué par le sexisme ambiant : « Je savais qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes à la barre. Vous acceptez le fait d’être en minorité et restez déterminée à faire ce métier en tant que femme. Et je voulais vraiment démontrer que j’avais les capacités de le faire. »
Une fois installée avec toute sa petite famille au 10 Downing Street, Cherie Blair épate le monde en décidant de poursuivre son métier : « Cela m’a permis d’avoir ce point d’ancrage et d’avoir ma propre identité, ce qui était très important à mes yeux. En parallèle, j’ai développé un point de vue plus large et de nouveaux objectifs que je n’aurais jamais imaginé avoir dans une autre vie. »
« Une femme qui gagne de l’argent peut prendre des décisions »
Cherie Blair a commencé à agir pour l’indépendance économique des femmes lorsqu’elle était première dame, un engagement qu’elle a poursuivi et même renforcé ensuite en créant sa fondation en 2008. « J’ai pu apprendre tellement de choses sur ce qui se passait dans le monde. J’ai élargi mes horizons, j’ai eu l’opportunité de voir à quel point j’étais privilégiée et j’ai pu aider les femmes à travers le monde », dit-elle aujourd’hui. A travers la fondation Cherie Blair, elle mène des projets dans les pays en développement pour aider les femmes à créer leur propre business. « J’ai bien peur que l’argent mène le monde, se justifie-t-elle. Une femme qui gagne de l’argent, qui a son indépendance financière, peut alors prendre des décisions. Elle peut faire ses propres choix. »
Aujourd’hui, Cherie Blair se sent plus que jamais concernée par la situation des femmes dans le monde, persuadée que ce joug émane de l’ignorance. « L’oppression exercée sur les femmes est basée sur une sorte de peur autour du pouvoir des femmes. Il existe de nombreuses femmes impuissantes à travers le monde, délibérément mises à l’écart du fait d’une peur irrationnelle. Alors qu’en réalité, nous savons que les hommes et les femmes s’épanouissent mieux lorsqu’on leur donne les moyens d’atteindre leurs rêves. »
Retrouvez chaque mois l'émission Leading Women sur CNN International.