La grogne sociale se poursuit au Brésil pour protester contre les sommes pharamineuses engagées dans l'organisation de la Coupe du monde 2014. Mais à moins de trois semaines du coup d'envoi du mondial auriverde, le 12 juin à Sao Paulo, c'est un nouveau scandale, cette fois-ci sonore, qui vient frapper les esgourdes brésiliennes.
En cause, la chanson officielle choisie pour la Coupe du monde de la FIFA pas très couleur locale. Le titre, baptisé « We are one (Ole Ola) » (Nous ne faisons qu'un, ndlr) ne laisse, sur 4 minutes et 5 secondes de purge musicale, que quinze petites secondes à l'artiste brésilienne, Claudia Leite pour pousser la chansonnette. Le reste du hit footballistique est accaparé par le rappeur cubano-américain aux allures de narcotrafiquant, Pitbull et la pas plus brésilienne Jennifer Lopez, revenue d'outre-tombe pour l'occasion.
Un comble pour le pays de Gilberto Gil et qui peut se targuer d'avoir l'un des patrimoines musicaux les plus riches de la planète. « C'est une honte compte tenu de la tradition musicale brésilienne admirée partout dans le monde », a déploré la journaliste musicale Gaia Passarelli. Et l'ancienne présentatrice de MTV Brésil de tancer ce qu'elle qualifie de « générique pop ».
Les mécontents se sont réunis sous le hashtag #VoltaWakaWaka (Le retour de Waka Waka, ndlr), en référence au titre de l'hymne de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. Un premier mondial organisé en Afrique, historique pour le continent et mis en musique par… Shakira, d'origine colombienne. Des hymnes de Coupe du monde en définitive « dépouillés de leur couleur locale », selon Leonardo Martinelli, compositeur et critique musical brésilien.
Il convient néanmoins de préciser que le respect des traditions musicales locales n'est pas toujours gage de qualité. Ainsi, en 2002, Johnny Hallyday, ardent supporter des Bleus désirant s'inscrire dans la longue lignée de la variété tiédasse, avait pondu le fulgurant « Tous ensemble ». Le titre, destiné à porter l'équipe de France vers la conquête d'un second titre mondial en Corée du Sud, avait abouti à l'élimination précoce des coéquipiers de Zidane dès la phase de poule.