Depuis la semaine dernière, le studio londonien de la chaîne Al Ekhbariya est au cœur d'une controverse bien au-delà de ses frontières, en Arabie saoudite. La raison ? Une des journalistes de cette chaîne de télévision par satellite a présenté un bulletin d'informations sans porter le hijab, le voile traditionnel saoudien. Suscitant la colère des autorités conservatrices du pays, qui y ont vu un manquement grave à la tradition, l'initiative d'Al Ekhbariya a, au contraire, été perçue par de nombreux internautes comme une tentative d'émancipation des femmes dans le pays.
Face à la polémique et aux messages d'indignation des téléspectateurs sur Twitter, la chaîne câblée Al Ekhbariya, a finalement présenté ses excuses. « Il s'agit d'une correspondante lisant les informations depuis un studio en Grande-Bretagne », s'est justifié Saleh Al Mughailif, le porte-parole de la chaîne saoudienne, avant d'ajouter qu'Al Ekhbariya « ne tolérait aucune transgression des valeurs et des lois saoudiennes ».
Pourtant, à sa création en 2004, Al Ekhbariya faisait figure de chaîne progressiste dans un paysage télévisuel saoudien largement contrôlé par le gouvernement. Première chaîne à employer des journalistes femmes dans le pays, avant que le ministère de la Culture et de la Communication saoudien n'en prenne finalement le contrôle.
Largement relayée dans les médias du Moyen Orient, cette nouvelle polémique ne met qu'un peu plus en lumière l'impossibilité pour les Saoudiennes de s'émanciper. Placées sous la tutelle d'un homme, leur « gardien » dès leur naissance, les femmes n'ont quasiment aucun droit ni aucune liberté. Obligées de porter une s'habiller « modestement » selon les codes vestimentaires dictés la « Mutawa », la police religieuse, les Saoudiennes n'ont, en outre, pas le droit de conduire ni de voyager sans le consentement de leur tuteur et risquent la lapidation, la pendaison ou même la décapitation si elles sont reconnues coupables de blasphème, d'apostasie, d'adultère ou de sorcellerie.
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