S’il existait une cérémonie visant à épingler le sexisme des médias, le magazine Chi obtiendrait sans aucun doute la palme. Ultra-populaire en Italie, cet hebdomadaire people a fait polémique la semaine en dernière après avoir publié les photos volées d’une élue italienne et associé les clichés à des légendes graveleuses.
Les photos en question montrent Marianna Madia, ministre de la Simplification et de l’Administration publique, mangeant une glace, assise sur le siège passager d’une voiture, tandis que son mari occupe le siège conducteur. Ci sa fare col gelato (« Elle sait y faire avec une glace », en français), peut-on lire (en gras et en rouge) sur la double page dédiée à cette information ô combien capitale. Plus loin, la rédaction du magazine juge encore judicieux de préciser que l’élue « s’offre une pause coquine » avec son époux.
Si le magazine Chi est coutumier de ce genre de scandale – il s’est déjà fait remarquer dans le passé en publiant des photos de Kate Middleton prenant un bain de soleil topless –, cette sortie insultante n’a pas échappé aux Italiens. Ainsi, Susanna Camusso célèbre syndicaliste et secrétaire générale de la Confédération générale italienne du travail (CGIL) a jugé « immondes » le titre et les photos du magazine, condamnant sur Twitter le « machisme » de la rédaction. De son côté, le maire de Rome, Ignazio Marino, y a vu une « attaque ignoble ».
Immonde le foto e il titolo pubblicato da #Chi Un vero rigurgito maschilista! @mariannamadia
— Susanna Camusso (@SusannaCamusso) 5 Novembre 2014
Le foto di Chi sono volgari e sessiste, un attacco ignobile a @mariannamadia
— Ignazio Marino (@ignaziomarino) 5 Novembre 2014
Outre ces responsables politiques, de nombreux internautes ont fait part de leur indignation. Mieux en réaction à ce que les médias appellent désormais le « Gelatogate », de nombreux anonymes ont posté sur les réseaux sociaux des photos d’eux-mêmes mangeant une glace, associées au hashtag #cisofareanchio (« Je sais y faire, aussi », en français).
#cisofareanchio @alfosignorini dove sono le belle parole sulla dignità della persona che spesso citi? Che schifo! pic.Twitter.com/igaOTphZNq
— anna sbarrai (@AnnaSbarrai) 6 Novembre 2014
in solidarietà col min. @mariannamadia #CiSoFareAnchIo pic.Twitter.com/2m7SFFATdB
— ? SailorDaRio? (@DarioBallini) 6 Novembre 2014
@alfosignorini pubblica anche questa!Brava @sara_giudice1 @stanzaselvaggia #cisofareanchio #Madia #Chi #giornalismo pic.Twitter.com/v5BJbF0gZj
— Federica Grimoldi (@fede_grimoldi) 5 Novembre 2014
« Chi continuera à raconter des histoires irrévérencieuses »
À noter que pour l’heure, la principale intéressée, Marianna Madia, s’est refusée à tous commentaires. « Que puis-je dire ? Chacun est responsable de ce qu’il est et de ce qu’il fait. Je suis responsable de la réforme des administrations publiques, des plans de réforme de ce gouvernement. Alfonso Signorini, en tant que rédacteur en chef de Chi, est responsable de ce qu’il publie. Chacun doit faire face aux conséquences de ses choix », a-t-elle simplement réagi dans une interview à Republica TV.
Mais comme le note très justement le Guardian, Alfonso Signorini, de son côté, se félicite de cette polémique. « Je ne suis pas désolé, pas du tout », a-t-il même assuré devant les caméras de Channel 5. Et de poursuivre : « Chi continuera à raconter des histoires irrévérencieuses dans le cadre de sa mission de service public ». Peut-être la procédure pour « violation des règles déontologiques sur la vie privée » et « manquement à la dignité professionnelle » ouverte par le Conseil disciplinaire l’ordre des journalistes de Lombardie parviendra-t-elle à lui faire changer d’avis ?