Le Tribunal international de Phnom Penh parrainé par l’ONU inaugure aujourd’hui le procès de 4 dirigeants khmers rouges, impliqués dans le génocide de 1,7 million de Cambodgiens entre 1975 et 1979. Nuon Chea fut le numéro deux du régime, Khieu Samphân chef d’Etat, Ieng Sary était le chef de la diplomatie, et sa femme, Ieng Tirith, ministre responsable des affaires sociales. Tous ont organisé, appliqué ou soutenu la politique d’exécution des « traîtres » par le régime communiste. Les campagnes d’exécutions, le travail forcé et la famine organisée par les Khmers rouges ont été racontés par de nombreux témoignages depuis trente ans, mais qui peinent toujours à s’imposer vraiment dans le pays et notamment dans l’enseignement de l’histoire. Les 3850 parties civiles ont ainsi vu leur participation limitée : leurs avocats ont eu à remettre leurs conclusions à des « coavocats », chargés de coordonner et choisir les témoins qui s’exprimeront au procès.
Navy Soth pourrait en faire partie, elle s’est portée partie civile en remettant un livre témoignage au dossier « Les larmes interdites » : elle a perdu deux frères, deux sœurs et son père sous la dictature khmère, elle espère que ce procès va libérer la parole : « Le gouvernement a cherché à fermer ce procès, et cette histoire est encore peu racontée au Cambodge. Mais c’est un tribunal international, la presse va en parler, ils [les accusés] seront sur un fauteuil, montrés du doigt, et tout le monde saura ce qu’ils ont fait », déclarait-elle sur Terrafemina.
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