Daech semble plus que jamais décidé à institutionnaliser le viol et l'esclavage sexuel. Le groupe djihadiste a publié, le 3 décembre, une vingtaine de questions-réponses, intitulées « Questions et réponses sur l'emprisonnement et les esclaves », codifiant le sort à réserver aux femmes capturées par les combattants musulmans. Un infâme « guide de l'esclavage sexuel pour les nuls », relayé par le Mail Online qui explique que « le manque de foi » rend la captivité de ces femmes, chrétiennes et yézidies pour la plupart, « légitime ».
Le cynique protocole, rédigé par le « Département des prisonniers et des affaires de la femme », placé sous la direction d'Abu Suja, décrit ensuite par le menu la répartition des esclaves entre les combattants encadrée par un imam. Le groupe État islamique autorise ainsi ses combattants à violer quotidiennement les femmes acquises sur le marché des esclaves. Un traitement particulier est réservée aux jeunes filles vierges qui « peuvent être violées immédiatement après avoir été achetées ». Pour les femmes ayant déjà eu des rapports sexuels, le document préconise d'abord de « purifier » leur utérus.
Eric Azan, chef des informations du site Fait religieux, précise sur le Huffington Post que « le document affirme que le viol d'une femme captive est parfaitement acceptable, même pour les hommes mariés, et cite un passage du Coran à l'appui : "Allah récompense les musulmans qui sont chastes avec leurs femmes et ce qu'ils possèdent". Le guide de Daech affirme que "ce qu'ils possèdent" est une référence aux femmes capturées et mises en esclavage ».
Une vision de la « chasteté » et une interprétation du Coran, avant tout présidées par des règles mercantiles. En effet, l'encadrement et le contrôle de la vente des femmes chrétiennes et yézidies constituent une importante manne financière pour Daech, en plus du racket local et du trafic de pétrole. Ainsi, un document publié par l'organisation djihadiste, fin novembre, intitulé « le prix de vente des butins » (visionnable ci-dessous), établissait une grille tarifaire des esclaves. On y apprenait notamment que le prix d'une femme pouvait osciller d'une trentaine à une centaine d'euros, en fonction de son âge, et monter à « environ 200 euros » pour les enfants âgés de 1 à 9 ans.
Les ONG estiment que quelque 5 000 femmes et enfants seraient actuellement détenus comme esclaves sexuels dans les régions de Syrie et d'Irak passées sous le contrôle de Daech. « Dans les premières semaines, des otages arrivaient encore à contacter des associations décrivant des bordels où les femmes étaient traitées comme du bétail et où certaines étaient violées plus de 30 fois par jour », indiquait récemment Le Figaro.