2 000 morts en deux jours. C'est le bilan annoncé par Amnesty International. 2 000 personnes auraient péri du 6 au 8 janvier dans la ville de Baga, au nord-est du Nigeria, et dans les villages de pêcheurs aux abords du lac Tchad, après que la secte islamiste Boko Haram y eut mené son raid meurtrier.
Selon des témoins cités par l'AFP, des milliers d'habitants - au moins 20 000 - auraient fui sur le lac, prenant la direction du Tchad voisin, tandis que Boko Haram détruisait au moins 16 villages alentour. Une base militaire, jusqu'ici sous contrôle des armées nigérienne et tchadienne, est aussi tombée à Baga.
Quelques semaines avant la tenue des élections présidentielles dans le pays, le Nigeria est en proie à une vague de violence sans précédent que le Parti démocratique populaire (PDP), actuellement au pouvoir, a du mal à contenir. Dans un communiqué publié le 9 janvier par Amnesty International, le chercheur Daniel Heye affirme que « l'attaque contre Baga et les localités alentour pourrait être la plus meurtrière à ce jour d'une série d'actions de plus en plus haineuses menées par le groupe ». Sous le feu des critiques pour son incapacité à enrayer la progression de la secte islamiste, le président nigérian Goodluck Jonathan a, par le biais de son ministère de la Défense, affirmé que « l'armée nigériane n'a pas abandonné Baga et les autres localités actuellement contrôlées par les terroristes. Des plans appropriés, des hommes, des ressources sont actuellement mobilisés pour faire face à la situation ».
Autre sommet d'horreur de la semaine dernière : samedi 10 janvier, la grande ville de Maiduguri, dans l'État de Borno, a elle aussi été le théâtre d'attaques, sans doute commanditées par Boko Haram. Vers 12h40, alors que s'y tenait le « Monday Market », une bombe fixée sur une fillette d'une dizaine d'années a fait au moins 20 morts et 18 blessés.
« Une fille est arrivée au marché et lorsque les policiers ont voulu la fouiller, elle a refusé. Ils ont fait alors une nouvelle tentative ne sachant pas ou ne comprenant pas qu'elle portait un engin explosif. Et c'est alors que cet engin a explosé. Vingt personnes ont été tuées et dix-huit autres blessées. Voilà ce qui s'est passé. Ce n'est pas la première fois que des choses comme ça se produisent et c'est pour cela que les policiers étaient vigilants. Ils voulaient la fouiller parce qu'ils trouvaient étrange la façon dont elle bougeait. Elle a résisté et sa bombe a explosé. Franchement, je n'ai pas de renseignement précis sur son identité ou sur son âge. Tout ce que je sais c'est qu'il s'agissait d'une fille », a déclaré dimanche au micro de RFI Clement Aduda, le chef de la police de l'État de Borno.
Interrogé par AFP, Ashiru Mustapha, qui fait partie d'un groupe local d'auto-défense, doute qu'il s'agisse d'un acte délibéré de la fillette. « Elle avait une dizaine d'années et je doute fort qu'elle savait véritablement ce qui était fixé à son corps. En fait, elle était contrôlée à l'entrée du marché et le détecteur de métaux venait de signaler qu'elle portait quelque chose sur elle. Malheureusement, la charge a explosé avant qu'elle n'ait pu être isolée. »
Ce ne serait pas la première fois que Boko Haram utilise des civils - notamment des femmes et des enfants - pour commettre des actes terroristes. En juin 2014, une femme avait mené la première « attaque suicide » dans l'État de Gombe, au nord du Nigeria. Dimanche 11 janvier, deux femmes kamikazes se sont fait exploser sur un marché bondé de Potiskum, faisant quatre morts. Cette même ville a aussi été touchée, samedi, par un attentat à la voiture piégée près d'un commissariat. Un policier y a perdu la vie.
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