L'Égypte connaît une montée des tensions confessionnelles. Dimanche, au Caire, une manifestation a ainsi tourné en affrontement meurtrier entre Coptes (chrétiens d’Égypte) et police militaire : le dernier bilan fait état de 23 morts et 174 blessés. Les autorités égyptiennes ont instauré dimanche soir un couvre-feu de 2H00 du matin à 7H00 dans le secteur de Maspero et jusqu'à la place Abbassiya, dans le centre de la capitale, afin d’endiguer les violences. Un journaliste de l'AFP a vu les dépouilles de 16 manifestants tués à l'Hôpital copte du Caire, tandis que la télévision d'État a indiqué que trois soldats avaient été tués. Le bilan dressé par le ministère de la Santé ne donne pas la répartition entre les manifestants et les militaires. Le Premier ministre Essam Charaf a appelé chrétiens et musulmans de son pays à ne pas céder aux « appels à la sédition ». M. Charaf s'est par ailleurs entretenu avec des dirigeants de la police, de l'armée et de l'Église Copte afin de tenter de contenir la situation et les tensions au plus vite.
Les raisons qui ont fait dégénérer en fin de journée ce qui avait commencé comme une marche pacifique de milliers de Coptes du quartier de Chobra vers Maspero restent confuses. Les manifestants, dont certains brandissaient des croix, avaient scandé « À bas le maréchal », visant ainsi Hussein Tantaoui, qui dirige le pays depuis la démission sous la pression de la rue du président Hosni Moubarak en février. Selon la télévision d'État, les protestataires auraient lancé des pierres sur les forces de l'ordre et certains témoins auraient affirmé que les manifestants coptes étaient armés. Les polices anti-émeutes et militaire ont tiré des coups de feu en l'air et lancé des bombes lacrymogènes pour les disperser. Mais sur les réseaux sociaux, Twitter notamment, l'intervention de « voyous » venus perturber le rassemblement est largement évoquée comme raison des violences qui ont survenu. Les médias officiels, en premier lieu la télévision publique, sont également accusés par beaucoup de tenir un discours anti-chrétiens.
Les Coptes représentent de 6 à 10% des Égyptiens et s'estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane. Ils ont été visés par plusieurs attentats, en particulier celui du Nouvel an contre une église à Alexandrie qui a fait 23 morts.
Le 7 mai, des musulmans avaient attaqué deux églises au Caire, affirmant qu'une chrétienne convertie à l'islam était détenue dans l'un des lieux de culte : 15 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées.
L'Égypte connaît depuis plusieurs mois une montée des tensions d’ordre religieux, alimentées notamment par des querelles de voisinage et des différends sur la construction d'églises.
Crédit photo : AFP
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