Selon les premières estimations du scrutin du 23 octobre – les résultats définitifs seront connus cet après-midi – le parti islamique Ennahda devrait occuper environ 60 sièges sur 217 dans la future Assemblée constituante tunisienne, soit un peu moins d’un tiers des députés. La désormais première formation politique du pays ne fait pourtant pas l’unanimité parmi les laïcs, méfiants et déçus de ne pas voir des formations démocratiques issues directement de la révolution au sommet du podium. Pour les rassurer, le parti de Rached Ghannouchi multiplie les déclarations de bonne volonté. « Les priorités de la Tunisie sont claires : c’est la stabilité et les conditions pour vivre dans la dignité, ainsi que la constitution d’institutions démocratiques », a déclaré lundi Abdelhamid Jelassi, le directeur de campagne du parti.
Droits féminins
Le plus gros sujet d’inquiétude de la population non acquise au parti Ennahda concerne la place des femmes dans la société tunisienne. Un acquis précieux, et une exception dans le monde arabo-musulman qu’il s’agit de ne pas piétiner. Combat de Bourguiba dans les années 50, le code du statut personnel (1956) interdit la polygamie et la répudiation, et autorise l’avortement et le divorce. Ces lois progressistes ne seront pas remises en cause par Ennahda, selon Nourredine Bhiri, membre de la direction du parti : « Nous respecterons l’égalité entre les hommes et les femmes, et entre tous les Tunisiens, quelle que soit leur religion et leur appartenance sociale ». Le porte-parole a également affirmé que son parti s’engageait à respecter les accords internationaux signés par la Tunisie et à maintenir un cap pacifiste dans la région « nous ne gouvernerons pas seuls et nous ne permettrons à personne de monopoliser le pouvoir », a-t-il déclaré.
Main tendue
Le parti islamiste a enfin réaffirmé sa volonté de s’unir aux autres formations politiques au sein de l’Assemblée constituante. Le parti de centre gauche Ettakatol, qui affiche des priorités sociales, serait arrivé second avec 15% des voix selon les estimations, et il n’est pas contre une alliance avec Ennahda, tout comme le Congrès pour la République, crédité lui aussi de 15%, et attaché à la défense des libertés démocratiques.
L’Assemblée élue sera chargée de rédiger la Constitution de la Deuxième République tunisienne, et de fait, programmer les prochaines élections législatives et présidentielles. Mais dans l’immédiat, sa première mission consiste à nommer un nouveau président et un gouvernement par intérim.
(Source : lefigaro.fr)
Crédit photo : Des Tunisiennes écoutent le 24 octobre 2011 à Tunis la déclaration des membres d'Ennadha/AFP
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