Les citoyens marocains sont appelés aux urnes ce vendredi pour des élections législatives anticipées. Organisées à la suite du référendum du 1er juillet dernier pour l’adoption de la nouvelle Constitution, ces élections entrent dans le processus de réformes proposé par le roi Mohammed VI pour répondre au Mouvement de contestation dit « du 20 février » qui a agité le Maroc en début d’année. Un scrutin à valeur de test pour le monarque, qui espère améliorer le taux de participation : « Pour le pouvoir, une participation forte doit permettre de crédibiliser les réformes constitutionnelles » déclare à l’AFP Omar Bendourou, professeur de droit constitutionnel à la faculté de Rabat. L’enjeu est de taille pour mobiliser les 13,5 millions de citoyens marocains, les précédents scrutins de 2002 et 2007 n’ont réuni respectivement que 48% et 37% des électeurs.
Le « G 8 », une coalition proche du pouvoir
Alors que la réforme constitutionnelle prévoit que le roi choisisse son Premier ministre au sein du parti arrivé en tête, huit partis proches du gouvernement marocain –dont l'Istiqlal (Indépendance) du Premier ministre Abbas El Fassi et le RNI (Rassemblement national des indépendants, libéral) du ministre de l'Economie et des Finances, Salaheddine Mezouar - sont réunis au sein d’une coalition pour contrer le Parti justice et développement (PJD), premier parti d’opposition dans la Chambre sortante avec 47 députés sur 395. Cette formation islamiste modérée ne cesse de voir ses scores augmenter depuis 2002. Le PJD tablerait cette fois sur un « effet Ennahda », en référence à la victoire du parti islamiste tunisien, vainqueur des élections du 23 octobre. « Le PJD peut prétendre à être le premier. Mais même s’il dirige le gouvernement, l'exécutif se fera autour d'une coalition », déclare à l'AFP Omar Bendourou.
Appels au boycott
Alors que le PJD multiplie les appels au vote, le Mouvement du 20 février, premier instigateur des manifestations du début d’années se déclare insatisfait des réformes engagées par le roi Mohammed VI, et plaide pour le boycott des élections. Composé d’islamistes, de militants de gauche et de jeunes, le mouvement réclame une monarchie parlementaire, à l'image de l'Espagne, et une reprise en main politique pour lutter contre les inégalités sociales et la corruption. Human Rights Watch dénonçait jeudi la campagne d’intimidation des autorités marocaines sur ces abstentionnistes en rappelant que l’abstention était un « droit » : une centaine de personnes ont été interpellées par la police alors qu’elles distribuaient des tracts appelant au boycott du scrutin du 25 novembre.
Crédit photo : AFP
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