C'est dans la nuit de mardi à mercredi que Laurent Gbagbo, ex-président de la Côte d’Ivoire, a été conduit aux Pays-Bas et incarcéré au centre de détention de la Cour pénale internationale de La Haye. Arrivé tôt dans la matinée à Rotterdam, il a été transféré immédiatement vers la prison de la CPI.
« Il est là », a confié sous le couvert de l’anonymat une source proche du dossier à l’AFP. L’institution soupçonne l’ancien président âgé de 66 ans de quatre chefs de crimes contre l’humanité, pour meurtre, violences sexuelles, persécutions et actes inhumains. Selon le mandat d’arrêt émis par la CPI, ces actes auraient été commis entre novembre 2010 et mai 2011, alors que Laurent Gbagbo refusait de céder le pouvoir après la présidentielle de novembre 2010 et plongeait le pays dans une crise meurtrière. A la demande du président Alassane Ouattara, la CPI conduit depuis octobre sa propre enquête sur des crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la crise ivoirienne.
Le mandat d’arrêt précise que les forces pro-Gbagbo « ont pris pour cible des civils qu’elles pensaient être des partisans d’Alassane Ouattara, et les attaques étaient souvent dirigées contre des communautés ethniques et religieuses spécifiques ». Il souligne par ailleurs que « Laurent Gbagbo et son entourage immédiat avaient convenu d’un plan » qui a été exécuté par les forces pro-Gbagbo obéissant « de façon quasi-automatique aux ordres qu’elles avaient reçus ».
La remise de M. Gbagbo à la CPI intervient quelques jours avant les élections législatives du 11 décembre, alors que la réconciliation entre le camp Gbagbo et celui du nouveau président Alassane Ouattara stagne.
Avant même le transfert, les Etats-Unis ont estimé que M. Gbagbo « doit rendre des comptes pour les atteintes aux droits de l'Homme qu'il a pu commettre », jugeant que « tout procès crédible et transparent » est « certainement constructif dans l'optique de la réconciliation ». Quant à Me Lucie Bourthoumieux, l'une des avocates de Laurent Gbagbo, elle a affirmé que le mandat d'arrêt de la CPI était « illégal » et qu'il allait « exacerber les antagonismes entre toutes les parties ».
Crédit photo : AFP
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