C’est une grande première. La Gambienne Fatou Bensouda a été élue hier à New York procureure de la Cour pénale internationale (CPI). Elle était d’ailleurs la seule candidate à la succession de l’Argentin Luis Moreno-Ocampo, resté neuf ans à la tête de la CPI. Cette mère de deux enfants, musulmane pratiquante, est donc la première femme africaine à occuper ces fonctions. « Je suis particulièrement fière d'avoir été soutenue par ma région de manière si appuyée depuis le début. Le continent africain a encore une fois montré son soutien et son engagement en faveur de la justice internationale et de la Cour », a-t-elle déclaré. « Mais laissez-moi insister sur cela : je serai le procureur de tous les États membres d'une manière indépendante et impartiale », a-t-elle ajouté.
Compte tenu des attentes suscitées par sa candidature et des pressions politiques qui s’exercent sur la CPI, Fatou Bensouda aura de grands défis à relever. La traque aux criminels de guerre et leur jugement, principale tâche de la CPI, sont en effet devenus des enjeux politiques. Or, les pays africain se plaignent régulièrement du fait que la CPI n’ait engagé jusqu’à maintenant que des procédures visant des dirigeants africains. Un fait avéré puisque les sept enquêtes ouvertes depuis 2003 concernent l’Ouganda, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Soudan-Darfour, le Kenya, la Libye et la Côte d’Ivoire. « Je ne pense pas aux dirigeants que nous poursuivons » répondait-elle récemment lors d’un entretien à l’AFP, avant de préciser qu’elle « travaille pour les victimes d’Afrique ». « Elles sont africaines comme moi, voilà d’où je tire ma fierté et mon inspiration » a-t-elle également affirmé.
De son côté, Christian Wenaweser, ambassadeur du Liechtenstein à l’ONU et président de l'Assemblée des États parties de la CPI, pense que l’origine africaine de Mme Bensouda aura un « impact politique ». Un impact qui se fera notamment sentir lorsqu’il faudra inciter les gouvernements de dirigeants mis en cause par la CPI à collaborer avec elle. Pour Christian Wenaweser, Fatou Bensouda devra donc « trouver le juste équilibre ».
Alexandre Roux
(Source : lexpress.fr)
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