C’est aujourd’hui que les députés français examinent la proposition de loi pénalisant la négation du génocide arménien. Une mesure qui soulève la colère d’Ankara. Ainsi le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a-t-il donné le ton en déclarant : « si l’Assemblée nationale française s’intéresse à l’Histoire, qu’elle se penche donc sur les événements qui ont eu lieu en Afrique, au Rwanda et en Algérie ». Il a par ailleurs qualifié le passé colonial français de « sale et sanglant ».
La mort de centaines de milliers d’Arméniens entre 1915 et 1917 est qualifiée de génocide par la France depuis 2001, mais pas par la Turquie qui évoque des conséquences liées à la première guerre mondiale.
Le Premier ministre turc a estimé dans une lettre adressée samedi au président Nicolas Sarkozy que ce texte de loi « vise de façon hostile la République turque » et que son adoption risque d’entraîner des conséquences irréparables sur les relations entre la Turquie et la France au niveau politique, économique, culturel ».
Répercussions diplomatiques, économiques et culturelles
Ce sont surtout les relations diplomatiques entre les deux États qui risquent de pâtir en premier lieu des conséquences d’une telle décision française. Ankara a ainsi prévenu que l’ambassadeur turc sera rappelé immédiatement pour consultation le cas échéant.
Ce refroidissement des relations franco-turques arrive alors que les récentes visites en Turquie du ministre de l’Intérieur Claude Guéant et du chef de la diplomatie Alain Juppé avaient permis d’améliorer les relations entre les deux pays, dont les liens avaient été plombés depuis l’opposition de la France à la candidature européenne turque en 2005.
Par ailleurs, le président des Chambres de commerce de Turquie a prévenu que les relations économiques entre les deux États devraient subir des « dommages importants ». Si le ministre du Commerce, Zafer Caglayan, a écarté l’idée d’un boycott officiel des produits français, les entreprises hexagonales devraient cependant être écartées des marchés publics dans les transports, le nucléaire et l’armement.
Du côté français on s’inquiète également des répercussions négatives que pourraient subir les échanges culturels franco-turcs. La coopération culturelle entre les deux États est en effet très vivante, notamment via l’université de Galatasaray et les six lycées francophones situés à Istanbul.
Photo : Recep Tayyip Erdogan
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