Delphine Batho, Najat-Vallaud Belkacem et Aurélie Filippetti ont toutes été des chevilles ouvrières de la campagne présidentielle. François Hollande sait qu’il peut compter sur ce trio dévoué et le président n’a pas hésité à leur confier de lourdes responsabilités.
L’étoile montante du gouvernement. La promotion de Delphine Batho en a surpris plus d’un. Ministre déléguée à la Justice il y a un peu plus d’un mois, la voilà catapultée à la tête d’un maroquin plein, celui de l’Ecologie. Rien dans le CV de cette spécialiste des questions de sécurité ne la prédestinait à ce poste. Mais Delphine Batho a réussi sa manœuvre. En se confiant au président sur sa mésentente avec la Garde des Sceaux, elle a provoqué les événements. François Hollande, qui n’aime rien moins que les conflits, a préféré mettre fin à la cohabitation entre deux fortes têtes. Mais Delphine Batho le jure : « Cela n’a rien à voir avec Christiane Taubira. Nous nous entendons très bien ». En privé, certains de ses conseillers se montrent moins langue de bois : « Elle nous a pourri la vie. Nous n’étions au courant de rien. Taubira organisait des réunions dans notre dos. Il était temps que ça s’arrête », nous confient-ils. Le pompier Hollande a donc éteint le début d’incendie.
La « plus sage d’entre nous ». C’est ainsi que la surnomment ses collègues. Fraîche et dynamique, la porte-parole du gouvernement s’impose doucement mais sûrement. Par petites touches, Najat Vallaud-Belkacem apprend le délicat « métier » de porte-voix de l’exécutif. La benjamine de l’équipe n’hésite pas à demander conseil aux plus expérimentés. Et ça marche. Elle recueille les satisfécits du Premier ministre. Bien sûr, ses premiers pas furent hésitants. Elle semblait un peu perdue lors de son premier compte rendu devant la presse. Mais de l’avis général à l’Elysée, sa simplicité a fait mouche. « C’est l’anti-Rachida Dati. Elle n’est pas bling-bling », tranche un conseiller. Pourtant depuis quelques jours, les critiques ne l’épargnent plus. « C’est une planquée », lâche une députée socialiste. Sa faute ? Ne pas être allée au combat des législatives remporté haut la main par tous ses camarades ministres. Interrogée sur ce sujet, Najat Vallaud-Belkacem ne regrette rien : « J’assume mon choix. Je ne peux pas tout faire. Je suis porte-parole du gouvernement et ministre des Droits des femmes ! » Et pour ceux qui doutent de son audace politique, la voilà qui lance un chantier qui ne manquera pas de déclencher la polémique : abolir la prostitution. Prudente ? Pas si sûr...
L’écorchée vive. En charge de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti fait l’unanimité sur ses compétences. Brillante, grande bosseuse, elle ne laisse rien au hasard. Difficile de trouver la moindre faille à cette politique atypique, agrégée de lettres classiques et écrivain de talent. Mais c’est peut-être là que le bât blesse. « Comme beaucoup de romanciers, elle est hyper-sensible, à la limite de la fragilité », souligne un collègue ministre qui se rattrape aussitôt : « (…) mais elle s’est beaucoup blindée durant la campagne présidentielle. Tout ira bien... ». A l’Elysée, on veille de près sur cette jeune ministre pour que justement le vernis ne craque pas.
Proche du Président, ce trio applique au pied de la lettre les recommandations du Premier ministre. Un minimum de tweets, des déplacements « low-cost » et une interdiction de prises de parole intempestives. Mais cette rigueur gouvernementale ne sied pas forcément à toutes. A côté de celles qui s’en accommodent, il y a les rebelles.
C’est ainsi que les surnomme avec gourmandise et un zest de crainte la droite. Cécile Duflot, Nicole Bricq et Christiane Taubira promettent de mettre à rude épreuve les nerfs de l’exécutif.
La « franc-tireuse ». Cécile Duflot a cru faire simple en arrivant en jean à l’Elysée lors du premier Conseil des ministres. Une avalanche de tweets plus tard et quelques regards réprobateurs de ses collègues, et voici la ministre du Logement en pantalon noir et veste de rigueur. Mais si le « packaging » a changé, le fond reste le même. Interrogée sur la dépénalisation du cannabis, elle répond tout de go qu’elle y est favorable. Le Premier ministre manque de s’étrangler. Le Président tousse. La droite s’engouffre dans la brèche. Le recadrage est immédiat. La polémique est finalement éteinte mais les traces demeurent. François Hollande s’est fait son avis sur l’indocilité chronique de ses alliés écolos.
L’intransigeante. Nicole Bricq a payé cher le prix de son engagement. En annonçant une remise à plat des permis de forage pétroliers en Guyane sans prévenir ses chefs, celle qui était jusqu’alors ministre de l’Ecologie n’a rien vu venir. « Le coup a été brutal. Le Premier ministre lui a simplement dit qu’elle quittait l’Ecologie lors du remaniement », rapporte un proche de la ministre. Difficile de ne pas y voir un désaveu. « Le lobby pétrolier a eu sa tête et son scalp », tranche un sénateur écologiste. Mutée au Commerce extérieur, l’ancienne rapporteure générale du budget au Sénat connue pour la rudesse de son caractère n’a pas fini de ruminer son blâme. A suivre...
L’indomptable. Par son tempérament de feu et son art oratoire hors-pair, la ministre de la Justice Christiane Taubira promet de faire des étincelles. La gauche espère que la nouvelle Garde des Sceaux s’en tiendra à sa feuille de route. La droite se frotte déjà les mains. Une chose est sûre, elle est une ministre sous surveillance. « C’est un peu la pétaudière du gouvernement. Je crains que François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne soient obligés de jouer les démineurs », prévient un poids lourd de l’équipe. Et de rajouter : « Il faudra s’accrocher, je la connais bien ! ». Voilà le gouvernement prévenu…
Qu’elles fassent partie des fidèles ou des rebelles, les « femmes » de François Hollande seront jugées sur leurs actes. Le président est certes fidèle en amitié, mais dans l’action publique, il a déjà prévenu, ni l’affect ni les sentiments n’ont leur place. La « jurisprudence Nicole Bricq » servira de référence à toutes et à tous.
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