Onze ans dans l’ombre de Bertrand Delanoë. Comme si elle en avait assez d’attendre, Anne Hidalgo n’a pas hésité à annoncer sa candidature à la mairie de Paris plus d’un an et demi avant les municipales de 2014. Adoubée par son mentor, la première adjointe au maire se lance tôt, très tôt dans sa campagne. Pressée ? « Organisée », répondrons d’aucuns. Anne Hidalgo n’a pas peur de s’essouffler, et a pris le pari d’une campagne sur la longueur. « Je veux prendre le temps », assène-t-elle. Manteau rose fuchsia, escarpins noirs, jeans : ce matin-là, la première adjointe au maire est venue à la rencontre de ceux qui animent le tissu économique parisien dans le cinquième arrondissement de la capitale. Elle visite le Labo de l’édition, un incubateur de start-ups dans le domaine de l’édition numérique. Concentrée, attentive, elle écoute avec intérêt chacun des jeunes entrepreneurs lui présenter son projet, avec toujours un encouragement à distiller ou une question à poser. « Paris est une ville extrêmement innovante : venir ici, rencontrer ces start-up, comprendre leurs difficultés, cela fait partie de mon travail de préparation pour devenir maire », confie-t-elle.
Dans les pas de Ségolène Royal
Depuis qu’elle a annoncé sa candidature, la première adjointe de Bertrand Delanoë construit sa campagne et veille à occuper le terrain parisien. Pour l’appuyer, elle a créé l’association Oser Paris, présidée par un fidèle, Jean-Louis Missika, sociologue des médias et actuel adjoint chargé de l'innovation, de la recherche et de l'université. Elle s’appuie également sur un conseil stratégique dirigé par François Dagnaud, aujourd'hui chargé de l’organisation et du fonctionnement du Conseil de Paris, de la propreté et du traitement des déchets. « L’idée était de fonder sa campagne sur la base du bénévolat et de l’engagement, en proposant aux Parisiens de participer à l’élaboration du programme » explique-t-on dans son entourage. Les Parisiens sont en effet invités à s’inscrire et à s’engager dans des thématiques qui leur sont chères : parité, sécurité, mixité, santé… Le choix est large. Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle d’une certaine Ségolène Royal, alors en campagne pour l’élection présidentielle, et qui avait tout misé sur le concept de « démocratie participative ». « La démocratie a changé, on n’est plus là pour donner des programmes clef en main aux citoyens à quelques mois des élections, a fortiori à Paris, où les Parisiens ont vraiment envie d’être impliqués », assure Anne Hidalgo. « Il y a une envie de décider de l’avenir de sa propre ville et je veux prendre ce temps de campagne pour aller à la rencontre de ces gens qui créent, qui bougent, qui ont des difficultés ».
« Conjuguer Paris au féminin »
Si dans sa ligne de mire figure avant tout le Grand Paris, alors que « 53% des Parisiens sont des Parisiennes », Anne Hidalgo ne le cache pas, elle souhaiterait aussi en tant que maire « conjuguer Paris au féminin ». Et quand on lui demande de dresser une typologie de la parisienne, l’élue connaît son sujet : « les femmes à Paris sont nombreuses, plus actives que dans le reste de la France et elles font des bébés : il y a une natalité galopante qui montre que c’est une ville qui vit et bouge ! Les femmes ne choisissent pas entre leur activité personnelle et professionnelle, elles vivent plusieurs vies à la fois, c’est encore plus vrai à Paris que dans le reste de la France ». La mixité tient à cœur à cette ancienne inspectrice du travail dans le Val-de-Marne. En 2001, aux côtés de Bertrand Delanoë, Anne Hidalgo travaillait déjà sur l’idée d’une capitale au féminin : « il fallait en finir avec une ville dans laquelle on considérait que tout le monde était à égalité ». Car, « ce n’est pas vrai, les femmes ne vivent pas la ville de la même façon. Les questions de sécurité ne se posent pas de la même façon pour une femme que pour un homme, la question de l’accès au crédit pour une entreprise ne se pose pas de la même façon non plus… », énumère la première adjointe.
A ceux qui disent que justement, le fait d’être une femme est un argument marketing pour se hisser jusqu’à la mairie de Paris, elle répond par le mépris. Mais elle le concède : « si je suis élue en 2014, je sais que le fait d’être la première femme élue à la mairie de Paris aura en soi une forme de résonnance et de symbole, je ne le nie pas ». Un impact qu’a bien compris Bertrand Delanoë, mentor auquel elle est fidèle en politique depuis plus de 10 ans et qui la soutient pour 2014. La campagne, « on en parle beaucoup, il me dit que c’est à moi de le sentir, d’imprimer ma marque et de décider du tempo », confie Anne Hidalgo. Si être soutenue par le maire de Paris est un atout de poids pour la première adjointe, il lui reste à se faire sa place au soleil. Ce à quoi elle répond : « il me reste un an et demi pour faire mon chemin, avec les Parisiens et les Parisiennes ». Rien ne sert de courir…
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