Second round pour le mariage gay : c’est ce jeudi 4 avril que se sont ouverts les débats sur le projet de loi de mariage pour tous au Sénat. Christiane Taubira a ouvert les débats à 16 heures devant un hémicycle clairsemé tandis qu’à l'extérieur quelques milliers d'opposants ont manifesté, espérant inverser le vote des sénateurs, qui s’annonce par ailleurs serré, la gauche ne disposant que de six voix de majorité sur la droite. La garde des Sceaux est venue défendre ce texte, ouvrant les débats en déclarant : « Nous avons l'honneur de présenter le projet de loi qui a été adopté largement à l'Assemblée nationale et qui vise à ouvrir le mariage et l'adoption aux couples de même sexe. Fidèle à son style, ayant recours à de nombreuses citations, parmi lesquelles Verlaine, Aimé Césaire ou Hégel, la ministre de la Justice a assuré que ce projet ne « fragilise pas l’institution de la famille, au contraire, il la renforce. Il ne met pas en péril les enfants, au contraire il les sécurise ». « C’est justement au regard de l’histoire de la République française et de ses valeurs, la liberté et l’égalité, au regard de son évolution propre, de l’empreinte laissée sur ses institutions par les débats, les combats, les progrès juridiques et sociétaux que nous vous soumettons ce projet de loi », a continué la ministre.
Puis, ce sont d’autres sénateurs qui ont pris le relai, parmi lesquels la sénatrice EELV Esther Benbossa, qui a rappelé que « gays et lesbiennes sont des êtres et des citoyens comme les autres ». « La revendication du mariage pour tous fait partie d'une demande légitime de normalisation, de banalisation de leur condition », a-t-elle déclaré, avant de dénoncer les arguments des opposants au mariage homosexuel qui « ont appuyé l'idée inverse et séculaire selon laquelle ces gens-là ne sont pas comme les autres » et remettant « à l'ordre du jour la fameuse "morale bourgeoise" pourtant bien craquelée depuis un bon demi-siècle ». Face à une salle électrique et dissipée, Mme Benbossa n’a pas hésité à hausser la voix et à demander à certains sénateurs de droite de se taire. « Venez parler à ma place Monsieur Gaudin », interpelle-t-elle ainsi le sénateur UMP et maire de Marseille Jean-Claude Gaudin, qui lui répond goguenard : « Je ne dirai pas la même chose que vous ». « Au moins dans la vieille France cher monsieur on respectait les femmes », lui rétorque la sénatrice, excédée.
Très attachée au projet de loi, elle l’a affirmé : « Nous voterons bien sûr le texte discuté aujourd’hui, même si nous regrettons que l’exécutif ne soit pas allé plus loin ». Elle n’a pas hésité non plus à qualifier de « pure idéologie » l'opposition au projet de loi sur le mariage gay « au nom du supposé intérêt supérieur de l'enfant ». « Aucune étude ne démontre que les enfants de familles monoparentales ou homoparentales, que les enfants adoptés, ou nés par PMA ou de mères porteuses, vivent nécessairement dans le malheur », a-t-elle argumenté. Et d’insister : « Il n'y a que les gays et lesbiennes à qui, aujourd'hui, on ose ouvertement dénier le droit de fonder une famille. »
L’intervention de la sénatrice a été applaudie par sa famille politique, qui l’a félicitée sans attendre sur Twitter :
merci. Je me suis hâté pour écouter l excellente @estherbenbassa RT “@homoz_fr: n'oubliez pas de mettre votre cravate dans l'hémicycle ;-)
— Jean-Vincent Placé (@JVPlace) 4 avril 2013
@estherbenbassa je viens de t'écouter: tu étais formidable!
— sergio coronado (@sergiocoronado) 4 avril 2013
Les débats reprennent dans l’hémicycle ce vendredi matin et les discussions devraient durer jusqu’au 13 avril prochain.
Mariage gay: Benbassa met l'ambiance au Sénat par LeHuffPost