Cécile Duflot roule en 4L et en Twingo, Marie-Arlette Carlotti est l’heureuse propriétaire d’une Smart et d’une Toyota, Arnaud Montebourg roule en Peugeot : bienvenue dans le garage des ministres. Ou plus précisément, dans leur déclaration de patrimoine qui, ces derniers jours, tourne au grand déballage public. En pleine affaire Cahuzac, et alors qu’un vent de suspicion plane sur le gouvernement, l’équipe ministérielle a en effet été invitée à une « opération transparence » et les ministres publient les uns après les autres leur patrimoine. Une initiative également suivie par de nombreux membres de l’opposition. Résultat : les élus ouvrent aux Français avec force détails la liste de leurs acquisitions, révélant parfois des informations surprenantes, voire parfaitement improbables. Qui en effet pourrait honnêtement se dire intéressé par le montant des bijoux détenus par la ministre du Logement Cécile Duflot (2000 euros), ou par le fait que sa vieille Twingo de 1999 soit estimée à 1500 euros ? Ou encore par le fait qu’Arnaud Montebourg, le ministre du Redressement productif, ait acquis un fauteuil du designer Charles Eames, acheté 28 000 francs à l’époque (4268 euros) ? On aura également appris qu’Eva Joly possède plusieurs kayaks, qui coûtent « cher parce qu'ils sont en carbone ».
Autant de révélations qui frôlent l’absurde mais régalent les twittos. Les internautes se sont ainsi empressés de chambrer la ministre du Logement sur ses deux véhicules. Cette dernière a réagi sur le réseau social : « Et donc, une semaine après JC (Jérôme Cahuzac, ndlr), Twitter glose sur mes bagnoles... #serrerlespoings #selever et croire toujours aussi fort en la politique », twittait-elle le 9 avril.
Avancée dans la moralisation de la vie politique ? Ou grand cirque de la transparence ? À droite, même si certains comme François Fillon, Bruno Le Maire ou encore Éric Ciotti se prêtent au jeu, on parle de « voyeurisme » et d’« hypocrisie ». Même à gauche, des voix s’élèvent contre cette « course à la vertu ». C’est le cas de Noël Mamère : « Attention à ce prurit de transparence», a-t-il déclaré, estimant que « ce n'est pas avec des initiatives individuelles que l'on va répondre » au problème de l'affaire Cahuzac. Même son de cloche chez Jean-Luc Mélenchon, qui voit là un « attrape-nigaud ».
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