Une semaine après l’ouverture des débats sur le projet de loi du mariage pour tous au Sénat, les arguments s’entrechoquent toujours entre partisans et détracteurs de l’union pour tous. Jeudi 11 avril, c’était au tour de la sénatrice UMP des Alpes-Maritimes Colette Giudicelli de marquer les esprits avec une démonstration plus que hasardeuse. L’élue a en effet expliqué à la tribune que le mariage pour tous pouvait ouvrir la voie à des revendications « fantaisistes », comme celle du mariage avec des animaux ou des objets. « Cette transformation (le mariage pour tous, ndlr) ouvrira la voie à d'autres revendications qui seront cette fois complètement fantaisistes mais qui existent déjà : mariage avec des objets. C'était aux États-Unis où une Américaine s'est mariée avec la tour Eiffel; mariage avec soi-même, aux États-Unis toujours; mariage à trois comme au Brésil; mariage avec des animaux comme en Australie », assure ainsi la sénatrice, qui soulève immédiatement les huées de réprobation des sénateurs de la majorité. Ne se démontant pas, elle réagit : « je suis contente de voir que ça vous choque. C'est au moins ce résultat-là qu'on aura obtenu ». Suite à ses propos, la sénatrice a tout de même tenu à assurer en sortant de l’hémicycle qu’elle n’était « pas du tout homophobe », dans une interview vidéo sur Yagg.com.
Les fables de Taubira sur la PMA : « votre fromage-gruyère, il picote »
Quelques jours plus tôt, le 9 avril, c’est Christiane Taubira qui a surpris l’hémicycle avec une petite fable racontée à la tribune tout droit issue de ses souvenirs d’enfance. Alors que les sénateurs de droite réclamaient la présence de Najat Vallaud-Belkacem, afin que la ministre s’explique sur ses propos tenus en janvier dernier sur la procréation médicalement assistée, Mme Taubira a pris la parole. « Est-ce que vous m’autorisez à prendre trois ou quatre minutes pour vous raconter une histoire, qui est liée à la réponse ? J’ai fait ma scolarité à Cayenne, en Guyane, sur l'autre rive de l'océan Atlantique, en Amazonie, à cette époque lointaine que les jeunes de 20 ans ne peuvent pas connaître », démarre-t-elle. Puis, elle raconte son arrivée en métropole pour poursuivre ses études, et ses « mélancolies », loin de son pays natal. « Forcément, j'ai eu quelques mélancolies et j'ai cherché du fromage-gruyère, l'histoire vous paraît bizarre. J’en ai acheté une première fois, il ne m’a pas plu. Une deuxième fois, il ne m’a pas plu. Une troisième fois, j’ai posé très clairement la question : est-ce que vous avez ce fromage-gruyère qui pique, qui picote ? ». Regard intéressé et circonspect de ses collègues de l’hémicycle qui se demandent où la garde des Sceaux peut bien vouloir en venir. « J’ai découvert que le fromage-gruyère ne picote pas sauf qu’il arrivait en Guyane, par bateau, avec deux mois de retard, et que, par conséquent, celui que j'ai connu dans mon enfance picotait ! ». Et de rebondir sur l’actualité du Sénat : « c’est exactement ce qui vous arrive avec la déclaration de Mme Najat Vallaud-Belkacem », lance-t-elle, sous les applaudissements amusés de la majorité. « Madame Najat Vallaud-Belkacem s'est exprimée il y a trois mois sur la PMA. Depuis jeudi soir, depuis vendredi, vous voulez absolument que nous vous répondions, séance tenante, sur une déclaration qu’elle vient de faire… ça fait trois mois que Mme Vallaud-Blekacem ne s’est pas prononcée sur la PMA, voilà ! ». Et de résumer : « donc ça veut dire que votre fromage gruyère, il picote ! ». « Le texte aujourd’hui ne concerne pas la PMA », souligne-t-elle enfin, dénonçant l’opposition qui fait « un débat avant le débat ». « Le jour où il y aura un débat sur la PMA, vous en débattrez », conclut-elle.