Deux prétendantes, deux styles. Veste blanche pour Anne Hidalgo, veste noire pour Rachida Dati, et une heure de débat pour la première confrontation en vue des municipales à Paris de 2014. Animé par le journaliste Christophe Barbier et organisé dans le grand amphithéâtre de Sciences Po, le débat a été courtois mais animé, face à un public largement acquis à la socialiste, si l’on en croyait les réactions de la salle.
Le débat commence avec un sujet d’actualité brûlant : celui du mariage pour tous. Rachida Dati suit la ligne de l’opposition, en assurant que ce projet de loi « n’est pas une priorité des Français » et en regrettant qu’un référendum n’ait pas été organisé sur ce sujet. Elle soulève par ailleurs la question de la procréation médicalement assistée, s’exclamant « la PMA n’est pas un distributeur automatique d’enfants ! ». Face à elle, la socialiste Anne Hidalgo affirme au contraire qu’il s’agit là d’une « réforme indispensable » et n’hésite pas à prendre position pour la PMA, en fustigeant au passage le vent d’ « antiparlementarisme » porté par les opposants au projet de loi. « Le regard de la société va changer et des discriminations vont tomber », assure l’adjointe au maire, ancrant le débat national au niveau parisien en rappelant que des jeunes hommes homosexuels ont été victimes de violences homophobes dans les rues de Paris. « Peut-on être élu maire de Paris en étant contre le mariage homosexuel ? », demande alors Christophe Barbier, qui souligne la « sociologie spécifique de Paris et des Parisiens ». « Les Parisiens le diront », répond Hidalgo.
Premier round : Hidalgo : 1 ; Dati : 0
En pleine opération « mains propres » au sein du gouvernement suite à l’affaire Cahuzac, la question de la transparence permet à Anne Hidalgo de marquer des points auprès du public, en revenant sur « la longue histoire de la droite parisienne avant 2001 » et ses imbroglios politico-financiers. « Balancer des affaires à la figure, ce n’est pas ma manière de faire de la politique », contre-attaque Rachida Dati, sur la défensive. Reprenant la parole, l’adjointe au maire PS en profite pour rappeler ses propositions pour Paris : changer « les pratiques politiques », avoir des élus à l’image de la diversité de la société, appliquer le non-cumul des mandats. « Pour Paris je conduirai des listes en 2014 où il n’y aura pas de cumul de mandats », assure-t-elle, applaudie par le public. Rachida Dati, qui est à la fois députée européenne et conseillère municipale tente d’argumenter que le cumul c’est avant tout une « question d’organisation ». Loin de convaincre, elle suscite les moqueries de l’auditoire.
Second round : Hidalgo : 2 ; Dati : 0
L’ancienne ministre de la Justice marque un point en abordant ce qui la rapproche de sa rivale socialiste : leurs « origines modestes » et leur « réussite républicaine ». Toutes deux issues de milieux très modestes, les deux responsables politiques partagent selon Rachida Dati, le même « engagement politique », la même « passion », qui les amènent à s’impliquer entièrement, parfois au « détriment de nos familles ». Elle dresse ainsi un portrait de femmes engagées en politique non pas pour l’argent et le bénéfice personnel qu’elles peuvent en tirer mais pour leur désir de faire avancer les choses. Anne Hidalgo lui concède en souriant « c’est vrai ».
Troisième round : Hidalgo : 2 ; Dati : 1
La question du logement, « bataille des batailles » et clef de voûte des élections parisiennes : Anne Hidalgo a profité du sujet pour dresser le bilan de la gauche sur ces dix dernières années. « On a rattrapé un retard en matière de logement social en atteignant 20% de logements sociaux à Paris pour 2014 », souligne la socialiste qui a affirmé tendre vers l'objectif de 25 % de logements sociaux imposé par la loi. Elle a par ailleurs exprimé le souhait de réfléchir avec les investisseurs institutionnels à la possibilité d’un « pacte » pour proposer une offre locative privée abordable pour les classes moyennes. Elle propose également d’appliquer un gel des « prix du foncier » sur certaines parcelles, et de transformer 200 000 m2 de bureaux en logements.
De son côté, Rachida Dati, contre-attaque, estimant que « la politique de logement menée par la mairie de Paris aujourd’hui aggrave les écarts sociaux » et « chasse les familles et les classes moyennes », qui ne peuvent plus se loger à Paris. « Elle est belle la vie racontée par vous », ironise Hidalgo, qui déplore quant à elle le manque de logements sociaux dans le VIIe arrondissement de Mme Dati. Cette dernière rétorque sur la défensive : « Les gens du VIIe sont des Parisiens comme les autres », remarque qui ne manque pas de soulever les rires de l’auditoire.
Quatrième round : 1 point partout : Hidalgo : 3 ; Dati : 2
Rachida Dati revient sur la fermeture des voies sur berge, sujet polémique à Paris et dénonce au passage la « politique zéro voiture » menée à Paris, et parfaitement inefficace à son avis. Anne Hidalgo quant à elle persiste et signe : « Il faut continuer à réduire le trafic automobile à Paris car il y a un problème majeur de pollution. » Elle a par ailleurs annoncé que le diesel serait « une priorité » pour elle : elle interdira les bus de tourisme au diesel, exigera de la RATP qu’elle revoie « complètement son parc autobus au diesel », et exclura également le diesel du parc automobile de la ville. Rachida Dati répond en ironisant : « Le président de la région (qui a les rênes de la RATP, ndlr) est socialiste. Accordez-vous entre vous, peut-être que les Parisiens y gagneront ».
Cinquième round : 1 point partout : Hidalgo : 4 ; Dati : 3
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