« Macho », « troublant », « dramatique » : chacun y va de son commentaire et de sa salve de critiques face à la décision de l’Élysée de limoger la ministre de l’Écologie Delphine Batho mardi soir. L’occasion est trop belle à droite pour ne pas en profiter. C’est François Fillon qui le premier a ainsi rebondi sur l’éviction de la ministre, parlant d'une politique de « deux poids deux mesures » en évoquant le limogeage de Delphine Batho tandis que M. Hollande laisse « divaguer sur la place publique » Arnaud Montebourg et Cécile Duflot. La candidate aux municipales 2014 Nathalie Kosciusko-Morizet y est également allée de son petit commentaire mercredi matin, en taclant sans hésitation le président de la République. « La manière dont c'est fait en dit très long sur la personnalité de François Hollande », assure-t-elle sur Europe 1. Et de développer : « Il y en a eu beaucoup des ministres qui se sont opposés au Premier ministre ou au président de la République. Montebourg, Hamon… il y en a bien eu des clashes dans ce gouvernement. Finalement, on veut faire acte d’autorité mais on fait acte d'autorité sans prendre trop de risque. Ça dit des choses sur la personnalité de François Hollande : fort avec le faible et faible avec le fort. »
Les Verts ne sont pas tendres non plus avec le président de la République, soulignant en effet que les femmes du gouvernement, contrairement à leurs collègues masculins, n’ont apparemment pas intérêt à trop se faire entendre. Après le départ de Nicole Bricq, c’est ainsi au tour de Delphine Batho d’être congédiée, et Daniel Cohn-Bendit trouve cette suite logique « troublante ». « Il y a quelque chose qui est troublant : ce gouvernement a limogé deux femmes, Nicole Bricq et maintenant Delphine Batho », a fait remarquer le député européen. « Comme par hasard, ce sont deux femmes qui ont dit des choses clairement et là, on ne le supporte pas ! ». Et il n’hésite pas à accuser ouvertement le gouvernement de machisme : « Je donne tort à François Hollande, parce que ses actes d'autorité, ça ne sert à rien ! (…) Arnaud Montebourg, il a un petit pouvoir (…) il a un courant, donc, macho macho, on ne le licencie pas ! ». Pour José Bové, la démission forcée de Delphine Batho est « un symbole dramatique ». « Je ne sais pas si cela a à voir avec le fait que (Nicole Bricq et Delphine Batho) sont des femmes, mais le fait est qu'elles sont parties plus vite qu'un Arnaud Montebourg, qui lui peut se permettre de dire tout ce qu'il veut, y compris le pire. (...) Le symbole est absolument dramatique ! », a-t-il assuré à Métronews. Même son de cloche du côté de Jean-Luc Mélenchon : le coprésident du Parti de gauche a estimé mercredi matin que François Hollande « aux abois » avait montré « un visage autoritaire, machiste et violent ». Delphine Batho, victime de machisme gouvernemental ? Mercredi matin, beaucoup évoquaient ainsi le syndrome des « jupettes », ces femmes nommées ministres sous le premier gouvernement d’Alain Juppé, qui avaient peu à peu quitté le bateau gouvernemental les unes après les autres. Les jours des ministres au féminin seraient-ils voués à être comptés ?
Delphine Batho limogée après avoir refusé de retirer ses propos
Femmes, femmes, femmes du gouvernement
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