C’est un véritable désaveu pour Delphine Batho : interrogée lors de l'émission BFM Politique sur le départ mouvementé de la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal a vivement critiqué son ancienne protégée en estimant qu’elle avait porté un « mauvais coup » au gouvernement. « Quand on est dépositaire d'une confiance, on doit respecter ceux qui vous font confiance et qui vous confient des tâches éminentes », a commenté la présidente socialiste de la Région Poitou-Charentes, qui avait nommé en 2007 Delphine Batho porte-parole de sa campagne présidentielle et l’avait parachutée dans sa circonscription des Deux-Sèvres, où la jeune femme a été élue avec 57% des voix.
« Quand on est ministre, on a plus de devoirs que de droits », a ajouté Ségolène Royal, jugeant durement les déclarations qui ont provoqué l’éviction du gouvernement de Delphine Batho. Alors que cette dernière dénonçait un « tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l'extrême droite dans notre pays », Mme Royal a estimé que ces propos étaient « tout à fait choquants et scandaleux ». « Si un ministre pense cela en étant au gouvernement, il ne fallait pas y entrer ou il fallait le quitter beaucoup plus rapidement », a assené l’ancienne candidate à l’élection présidentielle. « On ne peut pas dire des choses pareilles, a-t-elle poursuivi. Voilà un gouvernement à la tâche, dans un contexte difficile et qui demande aux Français des efforts qui sont équitablement partagés ». Un soutien en filigrane à l’équipe de Jean-Marc Ayrault, qui ne l’a pas empêchée néanmoins d’épingler au passage la politique fiscale du gouvernement. « Maintenant, il faut arrêter les augmentations d'impôts (...), a-t-elle estimé. Il ne faut plus de hausse d'impôts. Commençons par faire rentrer toute l'évasion fiscale.»
Devenue une commentatrice sans complexes de la vie politique, Ségolène Royal n’a pas non plus épargné son ancien rival Nicolas Sarkozy du feu de ses critiques. L’accusant d’avoir « fraudé » dans ses comptes de campagne 2012, elle dit espérer que le Bureau politique de l'UMP lui demandera lundi « des comptes » pour « avoir mis le parti en faillite ». « Il a fraudé, disons les choses telles qu'elles sont », a commenté la présidente de la région Poitou-Charentes. Ségolène Royal estime ainsi qu’il y a eu « trois transgressions », avec en premier lieu « l'utilisation des moyens financiers de l'Élysée pour faire une campagne », mais aussi « le dépassement du plafond (des dépenses) de plus d'un million d'euros, et pas 400 000 comme on le voit circuler ici ou là ». Elle dénonce aussi le fait que « des communications sur un certain nombre de dépenses n'ont pas été faites ». « Il a des comptes à rendre. Quelqu'un qui a mis le parti en faillite, doit, je crois, s'expliquer », a-t-elle conclu.
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