C’est au micro de Richard Quest que Dominique Strauss-Kahn a choisi de se confier dans un long entretien à la chaîne CNN pour sa première interview américaine depuis l’affaire dite du Sofitel, dans laquelle l’homme avait été accusé de viol par Nafissatou Diallo, femme de chambre.
Si, depuis, les poursuites pénales ont été abandonnées après qu’un accord financier (dont le montant est resté secret, mais s’élèverait à plusieurs millions de dollars) a été conclu avec son accusatrice, nul ne sait et, a priori, ne saura jamais ce qu’il s’est vraiment passé dans la suite 2806, théâtre de cette incroyable affaire qui mit en branle la machine médiatique comme jamais ce ne fut le cas avant elle.
« I seduced, and she said "oui oui" », avait rapporté le New York Post, illustrant de sa une la théorie du fameux "rapport consenti". DSK, homme politique alors tout près de représenter la PS aux élections présidentielles françaises, s’est-il laissé aveugler par un sentiment de toute-puissance, forçant une malheureuse employée à assouvir ses désirs qu’on sait, depuis, insatiables ? Nafissatou Diallo a-t-elle flairé le bon coup en contraignant ce compagnon d’une très riche Anne Sinclair à acheter son silence ? La justice américaine, qui prévoit que bien des affaires de ce type se concluent par un accord financier, laissera à jamais planer le doute.
S’il a accepté de revenir sur ces moments, DSK a confié dans son entretien ne s’être jamais vraiment remis de cette « chose terrible » que fut sa « perp walk », laquelle le montra aux yeux du monde menotté, hagard, entouré de policiers dans un statut, il est vrai, de coupable désigné. « Le problème, c'est que [cette « perp walk » intervient] à un moment où dans la société américaine et européenne, vous êtes supposé innocent jusqu'à ce que vous soyez jugé coupable », commente-t-il très justement.
Fort de cette injustice, l’homme insiste alors sur son sentiment de « colère » et sur l’ «humiliation » subie, dans une nouvelle tentative de victimisation fort prisée des grands de ce monde depuis quelques semaines…
« Je ne comprenais pas ce qui se passait, je ne comprenais pas pourquoi j'étais là. Je comprenais juste qu'il se passait quelque chose que je ne comprenais pas », a-t-il ainsi indiqué, ajoutant qu’il s’était alors senti « perdu », se posant en héros d’un thriller infernal qui l’aurait littéralement pris par surprise, l’enfermant alors dans une terrible machine judiciaire ne faisant aucunement fi de ses justifications.
« Vous êtes peut-être un criminel, peut-être pas. La preuve vient après. Ce n’est pas juste de mettre les gens dans cette position devant le reste du monde quand on ne sait pas ce qu’ils ont fait », insiste-t-il. Pourtant, de preuve, il n’y en aura point eu. Et il semble, à ce titre, que l’attitude de celui qui, finalement, n’aura passé que quelques jours en cellule avant d’attendre dans un hôtel particulier de 630 m2 à 35 000 euros par mois que ses avocats aient débrouillé cette sombre histoire, puisse paraître choquante.
Car qu’il y ait eu rapport consenti ou non, peut-on décemment accepter que cet homme, après Dodo la Saumure, Tristane Banon, Filipetti, la journaliste italienne et toutes ces femmes qui brisèrent peu à peu la loi du silence, avouant qu’aucune n’osait se retrouver seule dans une pièce avec lui, après les accusations de violences et les textos qualifiant la gent féminine de « matériel », y aille de sa complainte de manière publique ?
Certes, l’homme ne sera finalement déclaré coupable dans aucune de ces affaires, mais son nom sera à jamais lié aux mots « femmes » et « viol ». Ne serait-ce pas une raison suffisante pour, quelques mois après être venu parader à Cannes en smoking sur le tapis rouge, n’avoir décemment pas le droit d'aller pleurer à la télévision dans un salon feutré sur ces choses « horribles », « terribles » et « humiliantes » qui lui sont arrivées ?
Qu’en pensez-vous ?