Prise en flagrant délit de conflit d'intérêt ? C'est en tout cas ce qu'assure Mediapart : Marine Le Pen, députée européenne, salarie depuis 2011 comme assistant à Strasbourg le numéro deux de son parti, à qui elle verse 5 006,95 euros brut mensuels pour un temps partiel de 17,5 heures par semaine. Le hic ? Louis Aliot est aussi son compagnon dans la vie. Or, l’article 43 du règlement du Parlement stipule que l’enveloppe financière mise à disposition de chaque parlementaire « ne peut pas financer les contrats permettant l’emploi ou l’utilisation des services des conjoints des députés ou de leurs partenaires stables non matrimoniaux ». Comme le rapporte Mediapart, « à l'été 2012, les services du parlement européen ont tiqué » et demandé des explications à Mme Le Pen, qui s’est empressée de répondre qu’elle n’était « ni mariée à Louis Aliot, ni liée avec lui par un Pacte civil de solidarité ni par une déclaration fiscale commune, ni par un quelconque statut reconnu par l’État français ». Par ailleurs, contacté par Mediapart, Louis Aliot a assuré effectuer une « mission d’attaché parlementaire à mi-temps notamment par le suivi de toutes les questions institutionnelles, ainsi que par le suivi de relations internationales concernant la zone Afrique-Caraïbes-Pacifique et les Dom-Tom dans le strict respect du statut et des obligations professionnelles des collaborateurs de députés ».
Autre interrogation de la part du Parlement européen, la rémunération versée jusqu’au 30 juin 2012 par Marine Le Pen à son directeur de campagne de l’époque, Florian Philippot, salarié comme autre assistant. Or, l’article 62 du règlement stipule que les fonds versés pour rémunérer les assistants « sont exclusivement réservés au financement d’activités liées à l’exercice du mandat des députés et ne peuvent couvrir des frais personnels ». Ce à quoi Marine Le Pen rétorque que M. Philippot bénéficiait d’un « contrat complémentaire » lié à la campagne, et que la « durée horaire modeste de leurs contrats d’assistance parlementaire permet de concilier deux activités professionnelles ». Toujours selon Mediapart, les services financiers du Parlement ont envisagé d’éplucher le détail des agendas de Florian Philippot et de Louis Aliot pendant la campagne présidentielle de 2012, mais auraient pour le moment préféré classer l’affaire. Face à la publication de cet article, Louis Aliot a annoncé qu’il portait plainte pour diffamation, assurant sur Twitter qu’il n’y avait « aucun conflit d’intérêt au regard de la législation » et criant à la « calomnie ». « Les accusations de Mediapart sont évidemment calomnieuses mais pas très étonnantes lorsque l’on sait que, contre le Front National, tout est bon », a quant à elle réagi Marine Le Pen.
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