Il est inutile de le nier : l'attribution d'un portefeuille ministériel à Ségolène Royal, en marge des gouvernements Ayrault I et II ces vingt-deux derniers mois, n'a pu laisser indifférent. Parce que son histoire avec le président de la République, François Hollande, est connue de tous, l'association de son nom – quasiment sorti d'outre-tombe – à celui du ministère de l'écologie lors de l'annonce du gouvernement a, sinon interpelé, du moins fait sourire. Mais il convient immédiatement de couper court à toute velléité d'interprétation fantasque de cette nomination : Madame Royal ne doit en aucun cas son poste au départ récent de Valérie Trierweiler du palais de l'Elysée. La présidente du Poitou-Charente est tout à fait légitime à intégrer le troisième gouvernement de la présidence Hollande, qui plus est à l'écologie et au développement durable.
L'écologie, l'ancienne candidate PS à l'élection présidentielle de 2007 la voit comme une « social-écologie ». Une « croissance verte » couplée à une économie plus centrée sur l'humain, voilà un « levier de sortie de crise très efficace » selon elle. Fervente opposante du « tout nucléaire » – elle prône en 2011 une sortie du nucléaire à échéance de quarante ans –, Ségolène Royal n'est toutefois pas contre l'extraction du gaz de schiste en France, à condition que la maîtrise de cette exploitation soit garantie.
Dès sa prise de fonction, l'actuelle numéro 2 du gouvernement, fermement opposée à la recrudescence des impôts, a affirmé vouloir remettre les choses à plat concernant l'écotaxe. Cette mesure, dont les contours avaient suscité de vives réactions – notamment en Bretagne –, n'est en effet selon elle qu'une manière de développer l'« écologie punitive ». La présidente de Poitou-Charente a d'ailleurs affirmé vouloir s'intéresser aux « autres possibilités » pour assurer les financements que permettrait la mise en place de l'écotaxe. Et eu égard au manque de popularité de cette nouvelle taxe, privilégier la réflexion et, pourquoi pas, la discussion, ne saurait être que trop conseillé.
Représentante de la France lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992, Ségolène Royal retrouve aujourd'hui le portefeuille qui avait lancé sa carrière ministérielle il y a très exactement vingt-deux ans. Son bilan, qu'il soit national – avec la loi sur les déchets de 1992 et celle sur les paysages de 1993 – ou bien local en tant que présidente de Poitou-Charente – adoption de plans en faveur des énergies renouvelables –, est tout à son honneur et témoigne d'une réelle volonté d'agir pour une économie toujours plus éco-responsable. Il y a de plus fort à parier que Ségolène Royal voudra y mettre du cœur à l'ouvrage. Alors Madame la ministre, vous avez carte blanche. Ou plutôt, les feux sont au vert.