Société
"Madame le président" : quand les députés s’opposent à la féminisation des titres
Publié le 13 octobre 2014 à 17:24
Par Marie-Laure Makouke
Une semaine après la sanction infligée à Julien Aubert qui avait persisté à appeler Sandrine Mazetier « Madame le président » à l’Assemblée nationale, plusieurs députés ont décidé de soutenir le député du Vaucluse. À l’initiative de François Fillon et de Henri Guaino, ils sont 140 à avoir signé une tribune dans laquelle ils condamnent une sanction « intolérable » et s’opposent fermement à la féminisation des titres.
"Madame le président" : quand les députés s’opposent à la féminisation des titres "Madame le président" : quand les députés s’opposent à la féminisation des titres© LCHAM/SIPA
La suite après la publicité


« Nous vous demandons solennellement de revenir sur votre position et de désavouer cet intolérable abus de pouvoir ». C’est sur ces mots lourds de sens que s’achève la tribune rédigée conjointement par François Fillon et Henri Guaino, et publiée en fin de semaine dernière dans les colonnes du Figaro. Adressée au président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone, le courrier dénonce la sanction financière infligée à Julien Aubert, député du Vaucluse. En effet, le 6 octobre dernier, lors des débats sur la loi de transition énergétique à l'Assemblée nationale, ce dernier avait persisté à appeler Sandrine  Mazetier, qui siégeait au perchoir, « Madame le président ». Malgré de multiples rappels à l’ordre, il avait refusé de féminiser la fonction, invoquant la grammaire française. De son côté, Sandrine Mazetier, lui avait indiqué que le règlement de l'Assemblée nationale prévalait au Palais Bourbon. Résultat, le parlementaire, s’est vu priver, pendant un mois, d’un quart de son indemnité parlementaire, soit 1 378 euros.

« En français,  la présidente désigne la femme du président »

Une sanction abusive pour l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy, François Fillon, le député des Yvelines Henri Guaino et les nombreux signataires du texte parmi lesquels Xavier Bertrand,  Luc Chatel, Eric Woerth ou encore Nicolas Dupont-Aignan. Considérant que cette affaire a « couvert de ridicule cette institution essentielle qu’est la présidence de l’Assemblée nationale », ils jugent la sanction infligée à leur collègue « d’autant plus intolérable qu’elle punit l’usage correct de la langue française ».  Les parlementaires soulignent en effet, qu’« en français  la présidente désigne la femme du président. Faut-il ajouter que "le président", comme "le juge", "le préfet", "le professeur", "le commissaire", "le ministre", expriment en français non la masculinité de la fonction mais sa neutralité par rapport au genre », poursuivent-ils. Et d’interroger : « Faudra-t-il dire aussi demain, dans nos débats, sous peine de sanctions : "procureure", "rapporteure", "défenseure",  "professeure" ? L'effroyable sonorité de ces mots n'exprime-t-elle pas assez le martyre que fait subir aux Français l'idéologie de la féminisation à outrance des fonctions ».

« Je suis une femme. Je vous prierai donc de m'appeler "Madame la ministre" »

Dans cette courte tribune signée par quelque 140 députés, tous sexe confondus, les auteurs n’hésitent pas à mettre directement en cause la bonne foi de Sandrine Mazetier, fervente opposante au sexisme lexical.  « Madame Mazetier a utilisé les pouvoirs qui lui étaient conférés à d’autres fins pour imposer par la force de la sanction sa funeste idéologie jusque dans le langage », dénoncent-ils. Et pour cause, en février 2013, la députée de Paris avait saisi le gouvernement sur l'emploi du terme « école maternelle »  qui renvoyait, selon elle, à l'image de la seule mère. Elle avait alors suggéré l’emploi de « petite école » ou de « première école ».  

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la première fois que la féminisation des titres divise l’Assemblée nationale. À la mi-janvier, déjà, Sandrine Mazetier avait corrigé Julien Aubert, lui demandant de s’adresser à elle en usant du terme « Madame la présidente ». Quelques jours plus tard, lors du débat concernant le projet de loi sur l'égalité femmes-hommes, la ministre Najat Vallaud-Belkacem s'était vue qualifier, à plusieurs reprises, de « Madame le ministre » par des élus UMP, suscitant de vifs échanges dans l’hémicycle. Enfin, à l'automne 2012, c’est Cécile Duflot qui avait eu un échange musclé avec l'ancien président UMP de l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer. « Je suis une femme. Je vous prierai donc de m'appeler "Madame la ministre". Sinon, je me verrai dans l'obligation de vous appeler "Monsieur la députée" », lui avait lancé l'écologiste.


Cécile Duflot à Bernard Accoyer : "appelez-moi... par LCP

Mots clés
Société Politique feminisme
Sur le même thème
A 15 ans, on a forcé cette star de séries des années 2000 à faire une réduction mammaire pour un rôle play_circle
series
A 15 ans, on a forcé cette star de séries des années 2000 à faire une réduction mammaire pour un rôle
9 décembre 2024
A découvrir au cinéma : "Rivière", ou quand le féminisme s'énonce sur la patinoire play_circle
cinéma
A découvrir au cinéma : "Rivière", ou quand le féminisme s'énonce sur la patinoire
30 octobre 2024
Les articles similaires
"Malgré les années, ça ne passe pas " : les larmes de Sandrine Rousseau, victime présumée de violences sexuelles play_circle
Société
"Malgré les années, ça ne passe pas " : les larmes de Sandrine Rousseau, victime présumée de violences sexuelles
16 décembre 2024
"J'aime les femmes, je veux qu'elles soient heureuses, qu'elles ne pensent plus à l'avortement", promet Donald Trump lors d'un discours lunaire play_circle
Société
"J'aime les femmes, je veux qu'elles soient heureuses, qu'elles ne pensent plus à l'avortement", promet Donald Trump lors d'un discours lunaire
27 septembre 2024
Dernières actualités
« Tu peux te dire que c’est moi nue » : cette influenceuse victime de deepfake met en garde contre les dangers de partager ses photos play_circle
Société
« Tu peux te dire que c’est moi nue » : cette influenceuse victime de deepfake met en garde contre les dangers de partager ses photos
17 janvier 2025
"Mais tu as vraiment 50 ans ?!" : cette actrice culte de séries télé "ne vieillit jamais" et rend fous ses fans play_circle
Beauté
"Mais tu as vraiment 50 ans ?!" : cette actrice culte de séries télé "ne vieillit jamais" et rend fous ses fans
17 janvier 2025
Dernières news