Donner un nouveau souffle à sa campagne 41 jours avant l’échéance présidentielle : tel était le défi du grand meeting de Villepinte pour Nicolas Sarkozy. Toujours à la traîne dans les sondages derrière son rival socialiste François Hollande, le chef de l’Etat sortant a misé sur l’Europe pour redynamiser sa campagne, la plaçant au cœur de son discours et exigeant une série de réformes des traités européens.
C’est devant une salle comble, rassemblant entre 50 000 et 70 000 militants selon les sources et un parterre de personnalités comme Gérard Depardieu ou Emmanuelle Seigner, que le président-candidat a orchestré ce temps fort de sa campagne en se positionnant comme « protecteur des Français ». Etendant son crédo à l’ensemble de l’Europe, il a estimé que cette dernière ne devait « plus être une menace, mais une protection ». Après s'être positionné en chantre de la France forte, Nicolas Sarkozy a ainsi élargi son argumentaire à l’Europe, lançant un ultimatum à Bruxelles, afin de protéger l'Europe des flux migratoires non contrôlés et de la « concurrence déloyale » qui menace son économie. « La principale leçon que je tire de ces cinq années, c'est que l'immobilisme nous est absolument interdit », a déclaré le candidat-président, avant d’ajouter, « il nous est interdit pour la France mais il l'est tout autant pour l'Europe parce que nous avons rendez-vous avec un nouveau monde qui est en train de naître ». « L'Europe doit reprendre son destin en main sinon elle risque la dislocation », a insisté N. Sarkozy. « Elle ne peut pas être le jouet des forces de la concurrence, du marché et de la loi des pays les plus forts dans le monde ».
Révision des accords de Schengen
Il a ainsi exigé une « révision » dans les douze mois des accords de Schengen, qui assurent la libre circulation des personnes dans l’Europe et contrôlent ses frontières. Selon Nicolas Sarkozy, ces accords ne permettent plus de « répondre à la gravité de la situation », raison pour laquelle il souhaite pouvoir « sanctionner, suspendre ou exclure de Schengen un Etat défaillant » ainsi qu’instaurer un « gouvernement politique de Schengen ». Faute de progrès « sérieux », M. Sarkozy réserve à la France le droit de suspendre sa participation, « jusqu’à ce que les négociations aient abouti ».
Les réactions de la classe politique française à ces propositions ne se sont pas faites attendre. « Voilà que Nicolas Sarkozy, ne pouvant pas présenter d'autres propositions aux Français, se met à traiter l'Europe comme un bouc-émissaire », a jugé François Hollande sur M6, tandis qu’Eva Joly dénonce un « coup de poignard dans le dos de l’Europe » et que le centriste François Bayrou évoque un « fantasme ». Du côté du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon a estimé que Nicolas Sarkozy lui « facilitait le travail » en déclarant qu'il était possible de se passer de mesures décidées au niveau européen.
Un « Buy American Act » à l’européenne
Parmi les autres annonces du président-candidat, celle d’une version européenne du « Buy American Act », qui impose à l'Etat américain d'utiliser exclusivement des produits fabriqués en Amérique dans les marchés publics. « La France appliquera unilatéralement cette règle », faute d’avancée significative dans les douze mois, a prévenu le chef de l’Etat sortant. De même, il souhaite qu'une part des « marchés publics » soit réservée aux PME européennes.
Nicolas Sarkozy a par ailleurs assuré que son discours serait attaqué, « mais je m’en moque parce que je dis la vérité », a-t-il prévenu. Cela ne l’a pas empêché de critiquer à nouveau son rival socialiste et sa volonté de renégocier le traité européen renforçant la discipline budgétaire, raillant « ceux qui, au nom d'intérêts partisans, n'ont pas eu le courage de (le) voter ».
Dans le reste de son discours, le président-candidat a réaffirmé sa volonté de solliciter l’avis des Français par voie de référendum « chaque fois que quiconque essaiera de parler en leur nom ». Sur la question de l’immigration, sujet sur lequel il avait été vivement critiqué au sein même de sa majorité pour le virage droitiste qu’il avait entamé, il a tenu à nuancer ses propos : « je serai celui qui refusera en France toute dérive communautariste », a-t-il ainsi exprimé. A six semaines du premier tour, le candidat-président a lancé un appel à ses militants : « aidez-moi, nous avons deux mois ».
Crédit photo : AFP
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