Qui sera le grand gagnant du 6 mai prochain ? En France, comme à l’étranger, c’est le duel Hollande/Sarkozy qui fait la Une des médias. Ce sera « lui ou lui ? », titre cette semaine le Courrier International croquant les deux candidats en boxeurs.
Mais est-ce vraiment la bonne question ? Bien sûr, Nicolas Sarkozy et François Hollande sont les finalistes du second tour. Bien sûr, le candidat socialiste, grand favori des sondages, n’a plus que quelques marches à gravir pour réaliser son rêve élyséen. Mais le grand gagnant de cette présidentielle ne sera pas connu le 6 mai prochain pour une raison simple : on le connaît déjà. Quelle que soit l’issue du scrutin, la médaillée de bronze du premier tour, Marine Le Pen, a signé un succès. Depuis la soirée électorale du 22 avril dernier, son nom est sur toutes les lèvres et ses électeurs au centre de toutes les convoitises. Sa stratégie de dédiabolisation du FN semble être en bonne voie. La preuve, ce sont ses principaux rivaux qui en font la publicité. François Hollande et Nicolas Sarkozy ont reconnu avec leurs mots que le vote Front National n’est pas – ou n’est plus honteux -, au contraire. Et c’est une première côté socialiste. Parler ainsi sans tabou des électeurs frontistes ne s’était jamais entendu. C’est une victoire pour Marine Le Pen même si cette dernière hurle au mépris affiché pour ses électeurs.
A droite, les dernières propositions de Nicolas Sarkozy empruntées au registre de la candidate du FN signent aussi son succès. Lorsque le président-candidat évoque la présomption de légitime défense pour les policiers, Marine Le Pen crie en façade au pillage de ses idées, mais applaudit en coulisses. Elle voit bien que le cordon sanitaire qui isolait le Front National s’effrite de jour en jour, installant le doute à l’UMP. Nicolas Sarkozy a beau répéter qu'il n'y aura jamais d’accord avec ce parti, le loup frontiste est entré dans une bergerie perturbée par la perspective d’élections législatives à venir et de triangulaires avec le FN. L'objectif de Marine Le Pen est clair : déclencher un big-bang à l’UMP pour rafler la mise à droite. Y parviendra-t-elle ? C’est possible, mais la candidate du FN de 2012 n’est pas si différente du candidat FN de 2007 ou de 2002. Leur point commun : dénoncer sans proposer de solutions. Reste à savoir si les électeurs s’en apercevront assez vite.
Crédit photo : AFP
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