Un mois après la découverte d’une page Facebook « Osez le masculisme » par le biais de laquelle des étudiants de Sciences Po Bordeaux propageaient des contenus sexistes, injurieux et insultants, plusieurs collectifs féministes étudiants ont décidé d’interpeller la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche Geneviève Fioraso et Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, à travers une tribune publiée ce jeudi sur Rue 89.
Dans cette longue lettre ouverte, Les Simone, Osez le féminisme 31, G.A.R.C.E.S et les associations féministes des IEP de Toulouse et de Strasbourg dénoncent la complaisance des élites face au sexisme ambiant dans les grandes écoles, tout en signalant que « des faits similaires ou plus graves se produisent régulièrement dans l’enseignement supérieur français ». Elles reviennent notamment sur l’affaire de la soirée « Plombiers vs. Chaudières » organisée par le Bureau des sports de Sciences Po Toulouse, dont l’invitation faisait la part belle aux clichés. « Messieurs, amenez votre plus belle caisse à outils et préparez-vous à tâter de toutes les chaudières, du modèle russe ou modèle portugais. Mesdemoiselles, choisissez vos plus beaux brûleurs et thermostats pour une soirée où vous serez les pin-ups de nos spécialistes en tuyauteries de tous poils », suggérait-elle...
Sans surprise, ce message « a provoqué l’indignation et la colère des féministes et de nombreux-ses étudiant(e)s de l’IEP Toulouse. La communication de la soirée appelant "au décrassage de la soupape de sécurité d’une bonne vieille chaudière à fioul" était accompagnée de visuels douteux, à commencer par l’affiche, mettant en scène un élève déguisé en plombier, penché entre les jambes écartées d’une femme », notent les signataires de cette tribune. Interpellés sur le caractère sexiste de cette soirée et de ses affiches, les organisateurs ont, eux, préféré minimiser les faits, évoquant un humour second degré et « beauf ».
Un argument qui n’a pas convaincu les associations féministes, ces dernières déplorant qu’à chaque fois, « l’humour et le second degré sont mobilisés pour justifier ces saillies sexistes, et en prétendre l’innocence. Face à cet humour et à ce subtil second degré, les réactions des féministes sont souvent analysées comme victimaires et puritaines : les féministes s’inventent des histoires, ne savent pas s’amuser, détestent les hommes, le sexe et surtout, n’ont pas d’humour. » Et d’ajouter : « En retour, l’humour contribue à construire et reconstruire des représentations différenciées et hiérarchisées des hommes et des femmes (…) En somme, dans ces blagues gentiment qualifiées de "potaches" ou "paillardes" se joue un rapport d’une violente simplicité : ce sont des dominants qui rient de dominé(e)s. »
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