Il n'y a rien d’illégal à refuser un couple avec poussette à l’entrée d’un resto. Henry Mathey, président du syndicat des hôteliers-restaurateurs d’Antibes, l’assure à Nice Matin : « Chacun fait ce qu’il veut chez lui. Vous pouvez refuser quelqu’un parce qu’il ne porte pas de cravate, parce qu’il a des chaussures ouvertes… C’est une question de stratégie commerciale, de standing ». Le patron du restaurant Michelangelo est donc dans son droit lorsqu’il affiche clairement sa politique anti-bébé via une annonce placardée à l’entrée de son établissement. Scandaleux ou non ?
François Paschal, président de la branche antiboise de l’Association pour la promotion des familles, l’assure à Nice Matin : refuser l’accès d’un restaurant aux bébés est comme interdire l’accès aux personnes âgées « sous prétexte qu’ils font du bruit en mangeant » ou à un handicapé. Il juge la pratique « scandaleuse et illégitime ». « S’il y a des gens qui ne supportent pas les enfants, c’est bien dommage… pour eux ! », objecte-t-il. Du côté de la Ligue des familles nombreuses, le problème n’est pas une question de tolérance, mais de moyens. La pratique exclut ceux qui n’ont « pas les moyens de se payer une nounou » : « Interdire les bébés, cela revient à interdire les jeunes parents ».
Là où le raisonnement de François Paschal pèche, c’est qu’une personne âgée qui fait « du bruit en mangeant » n’émet pas autant de décibels qu’un bébé qui fait ses dents. Le patron du restaurant Michelangelo n'a « rien contre les bébés » mais juge simplement que « leur place n’est pas [dans un restaurant] ». Il évoque des raisons de sécurité, dans le cas d’un incendie par exemple, mais également le bruit : « Ceux qui ont des enfants payent une nounou pour les garder ; ce n’est pas pour supporter les gamins des autres », tranche le restaurateur. Pour lui, une place occupée par une poussette et un bébé qui ne mange pas est un manque à gagner. En cas d’affluence, une poussette prend la place d’une table.
Aux États-Unis, la politique du « No Kids Allowed » a gagné en popularité ces dernières années : certains restaurants sont délibérément interdits aux jeunes enfants, et la chaîne de supermarchés Whole Foods a même quelques magasins qui ont des horaires spéciaux, où les enfants sont interdits dans les rayons.