«Comment voulez-vous gouverner un pays où il existe 258 variétés de fromage ?», s'interrogeait le Général de Gaulle. Un demi-siècle après la phrase prononcée par l'homme éjecté du pouvoir lors du référendum sur la régionalisation, la même question se pose, encore aujourd'hui, avec les 22 régions qui composent la métropole. L'annonce du passage de 22 à 14 régions par François Hollande, mardi 3 juin dans le cadre de la réforme territoriale, suscite des débats, tant sur la pertinence du coup de ciseaux présidentiel que sur les économies réellement engendrées par pareille mesure. Loin de ces futilités, Terrafemina a décidé de se concentrer sur l'essentiel... Zoom sur les trois conséquences inattendues de cette nouvelle organisation régionale.
Et si la première opposante à la réforme territoriale n'était pas à chercher du côté des exécutifs régionaux mais dans les concours de beauté ? En effet, Geneviève de Fontenay ne goûte que très peu le présidentiel coup de ciseaux sur sa carte de France des Miss. Un manque à gagner de huit candidates (et autant de maillots de bain) pour la dame au chapeau qui ne s'est pas privée de dire son mécontentement au micro de RTL. « Ce n'est pas quelque chose d'innocent de changer brutalement 22 régions en 14. Elles font la France, c'est une vitrine. » Et la femme de 81 ans de promettre : « En ce qui concerne le concours Miss Prestige National (le pendant "De Fontenesque" de Miss France, ndlr), tant que je pourrai, je lutterai pour maintenir ces traditions ». Nul doute que François Hollande, chantre du compromis à l'extrême, étudiera de manière bienveillante et attentive les doléances de la première contributrice au redressement de la production de diadèmes made in France.
Combien d'infâmes cordons-bleus, de yaourts ou encore de brioches chocolatées les maniaques du magnet ont-ils dû ingérer pour concrétiser leur quête ? A savoir regrouper, sur une porte de frigo, les 22 régions de France. Un assemblage patriotique et compulsif formé au prix de maux d'estomac récurrents, accompagnés d'appels au secours du type : « j'ai l'Alsace en triple » ou encore « quelqu'un voudrait bien m'échanger Midi-Pyrénées contre Auvergne ? ». A défaut de réaliser les économies qu'aurait permis une France à 12 "super-régions" - 12 à 25 milliards d'euros dixit André Vallini - ce patchwork à 14 pièces a de quoi susciter l'inquiétude des adeptes de la customisation de frigidaire. S'ils veulent rester à la page, ces derniers, fébriles et déprimés, devront eux-même s'essayer au recoloriage approximatif de leur chère oeuvre aimantée.
Il est bientôt loin le temps où le footballeur de Dreux, encore tout suintant de Vodka bon marché après une soirée épique au "New World" ou au "Duplex", partait le dimanche matin, la fleur au fusil et le crachoir à proximité, défier Blois en ligue régionale. Un périple de 141 km, certes un peu long, mais supportable pour cet amoureux du ballon rond. Dorénavant, le footeux d'Eure-et-Loir aura tout intérêt à s'essayer au programme : camomille / Plus grand cabaret du monde le samedi soir, et puis poser son lundi tant qu'il y est, s'il veut digérer son dimanche. En effet, la future super-région Poitou-Charentes, Centre et Limousin de quelque 81 900 km2, lui promet de longs trajets pour assouvir son envie de gazon. Désormais dans la même ligue de football que Royan, notre Drouais devra parcourir la bagatelle 980 km (aller-retour) pour jouer au ballon. Avec une densité moyenne de 62 habitants par km2, la route devrait toutefois lui permettre d'admirer les grands espaces de cette nouvelle "diagonale du vide".