Patrice Ribeiro : Evidemment ! Malheureusement il n’y a que dans le gentil pays de Oui-Oui où l’on pourrait faire autrement. Car il n’y a pas de police sans indicateurs. Pas une seule affaire de braquage ni de stupéfiants ne peut être résolue sans les services d’informateurs. Et il faut bien donner quelque chose en échange de ces informations car celui qui les donne le fait souvent au péril de sa vie. L’officier de police fait comme il peut pour atteindre l’objectif qu’on lui a fixé.
P.R. : Nous évoluons dans un système hypocrite qui fait que l’on agit souvent à la limite de la légalité. Tout le monde sait que ça marche comme ça, fait comme ça, mais ça n’est pas légal. Dans les grosses affaires de grand banditisme, les méthodes sont souvent « border line ». Les officiers de police judiciaire agissent souvent par conviction et usent des seuls moyens à leur disposition pour mener à bien leurs enquêtes. On ne peut pas leur demander de faire autrement ni d’en faire plus avec moins de moyens.
P.R. : Pour éviter aux officiers de police judiciaire d’avoir à flirter avec l’illégalité, en rémunérant par exemple les indicateurs avec de la drogue, il faudrait mieux payer les indicateurs et inscrire ce projet dans la loi. Comme pour le service des douanes françaises où les indicateurs, appelés aussi « aviseurs », sont rémunérés à hauteur de la saisie réalisée. Plus l’information est précise et permet de démanteler un gros réseau, et plus la saisie est grande, plus la rémunération est grande elle aussi. Cela éviterait aux policiers d’avoir recours à des méthodes moins transparentes comme dans le cas de l’affaire Neyret. C’est pour ça qu’il faut faire attention à ne pas confondre un policier victime du système qui a tout mis en œuvre pour mener à bien sa mission, et un officier corrompu qui trafique uniquement pour sa personne.
Alexandre Roux
Crédit photo : AFP
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