Souvenez-vous ! Le 20 novembre 2008, par un scrutin quasi-unanime de 22 voix sur 29, Simone Veil était élue par ses pairs pour trôner au cœur du haut temple garant de la langue française. Elle reprend aujourd’hui le siège laissé vacant en 2007 par le regretté Pierre Messmer. Un évènement incontournable pour la cause féminine puisqu’en 375 ans d’existence, l’Académie n’a accueilli en son sein que 6 femmes, contre 702 hommes. Précurseur, c’est l’écrivaine Marguerite Yourcenar qui avait amorcé une timide mixité il y a désormais trente ans. Suivirent les intronisations de l’helléniste Jacqueline de Romilly, l’historienne Hélène Carrère d’Encausse, et les auteures Florence Delay et Assia Djebar.
« C’est un très grand honneur qui m’étonne encore aujourd’hui, parce que je ne vois pas les raisons pour lesquelles je me trouve dans cette situation » s’était exclamée modestement Simone Veil lors de son élection en 2008. Et pourtant les raisons, nous, nous les voyons ! Ancienne déportée d’Auschwitz, magistrate, ministre de la santé en 1974, instigatrice de la loi autorisant l’avortement, présidente du Parlement européen entre 1979 et 1982, ministre d’Etat jusqu’en 1995, membre du conseil constitutionnel de 1998 à 2007, personnalité préférée des Français cette année, un parcours de femme engagée sans la moindre fausse note. Quoi de plus légitime que Jean d’Ormesson lui offre aujourd’hui sa main pour venir siéger aux côtés des « immortels » de Richelieu !
Emilie Gardes