Ah, le french savoir-vivre ! Il semblerait que les Parisiens aient un sens de la courtoisie bien personnel, entre les garçons de café peu aimables, les indications agacées aux pauvres touristes perdus et l’oubli de toute dignité dans le métro en heure de pointe. Les impolitesses des Franciliens à l’égard des touristes deviennent si systématiques que le Comité régional du tourisme Paris-Île-de-France a décidé de prendre les choses en main, avec l’opération « Do You Speak Touriste ? ». Le but ? Améliorer l’accueil des visiteurs, et lutter contre la mauvaise réputation des Parisiens.
Pas de chance, votre bureau se trouve sur la butte Montmartre et vos trajets quotidiens sont un questionnement permanent de « Where is Amélie ? » ou autres « Donde esta le Sacré-Cœur ? ». Gardez bien en tête que si vous subissez ces petites questions tous les jours, le touriste, lui, ne sera peut-être à Paris qu’une fois dans sa vie. Évitez de faire de son séjour un enfer et donnez-lui, sourire aux lèvres, la réponse tant attendue. Ça ne vous prendra pas plus longtemps que de lui brailler de regarder un plan, dans un français qu’il ne comprendra pas.
Vous vous remémorez souvent, nostalgique, votre séjour en Italie : un accueil formidable, des gens charmants, des commerçants drôles comme tout. Dites-vous bien que vous en auriez gardé un tout autre souvenir si on vous avait indiqué votre chemin en italien, si les autochtones avaient été hermétiques à tout dialogue et si on vous avait bousculé dans le métro. Chaque habitant a son petit rôle à jouer dans un l’accueil touristique, et votre sourire pourrait bien rattraper la méchanceté de la serveuse antipathique qui leur a servi des frites congelées une heure plus tôt.
Un groupe de touristes vous demande, dans un français approximatif, « où est le boulangerie la mieux du quartier ? ». Certes, vous pouvez être tenté de leur indiquer la plus proche, à 200 mètres. Mais vous pouvez aussi leur indiquer cette super adresse, à deux stations de métro, où les sandwichs sont délicieux et peuvent être dégustés dans une charmante cour intérieure. Une fois de plus, gardez en tête que vous auriez aimé, à leur place, tomber sur quelqu’un de bon conseil… Comme vous !
En pleine saison touristique, vous êtes las de ces touristes qui squattent délibérément les strapontins alors que le métro est plein à craquer. Au lieu de pester à voix haute et d’essayer de les bousculer pour leur faire comprendre qu’ils n’ont pas à être assis lorsque tout le monde est debout et en apnée, expliquez-leur. Pensez aussi, avant de dire à haute voix à votre voisine de bus que vous trouvez ces ados américaines super vulgaires, que ces dernières sont peut-être en séjour linguistique pour perfectionner leur français. Oups.
Vos études d’espagnol, d’anglais ou d’allemand remontent, certes. Mais faites un effort pour caler un mot ou deux, plutôt que de répondre en anglais avec un accent à couper au couteau ou pire, en français. Et si vraiment vous ne comprenez plus rien à la langue de Shakespeare, surtout avec l’accent australien, trouvez un médiateur, dessinez un petit plan explicatif sur un coin de papier ou utilisez le langage des signes, cocasse mais souvent bien utile.
N’attendez pas que le touriste timide vienne à vous pour établir un contact. Un jeune homme à l’air perdu scrute alternativement chaque pancarte de nom de rue puis son plan ? À moins qu’il n’essaye de mémoriser le nom de chaque ruelle, il doit être perdu. Vous qui connaissez le quartier comme votre poche, aidez-le à retrouver sa route.
Vous voyez un malheureux qui, sans faire attention, s’apprête à signer la pétition des fausses aveugles mais vraies pickpockets ? Vous repérez un téméraire qui sirote un café au lait, son smartphone en évidence sur la table de la terrasse, prêt à être piqué ? Prenez votre courage à deux mains et volez à leur secours. Il en va de même avec les tricoteurs de bracelets brésiliens intempestifs du Champ de Mars ou n’importe quel vendeur de faux tickets de métro sur les Champs-Élysées. Expliquez-leur qu’ils sont en train de se faire arnaquer ou qu’ils risquent de se faire voler, et encouragez-les à être vigilants.
Victoria Houssay
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