Les résultats du rapport sont alarmants. 3,5 millions : c'est le nombre de non-logés ou de mal-logés en France aujourd'hui, parmi lesquels 100 000 sans-abri, 500 000 sans logement personnel, deux millions en situation de surpeuplement ou dans des logements dégradés et 860 000 dans une précarité extrême. Une « situation catastrophique », d’après Christophe Robert, délégué général adjoint de la Fondation Abbé Pierre.
Mais ce qui est vraiment « intolérable », souligne Patrick Doutreligne, délégué général de la fondation, c'est qu'un mal-logé sur six a moins de 18 ans ; dans l’Hexagone, 600 000 enfants souffrent directement des difficultés liées au logement, et les conséquences peuvent être graves. 80 000 enfants sont victimes de saturnisme, « la maladie du pauvre » comme la surnomme Patrick Doutreligne, car c’est une intoxication due au plomb, que l’on retrouve souvent dans les peintures des logements vétustes. D’autres enfants mal-logés souffrent « d’infections respiratoires, de problèmes de sommeil ou d'alimentation ».
« En procédant à un inventaire des situations de mal-logement, on mesure à quel point le logement est devenu la pierre angulaire de la pauvreté et se trouve de ce fait, à l'origine de bon nombre d'entraves au développement et à l'autonomie future de l'enfant », souligne le rapport.
Pour lutter contre le mal-logement, la Fondation Abbé Pierre fait plusieurs propositions. Il faudrait notamment « imposer dans tout programme immobilier de plus de 10 logements un quota minimum de 30% de logements à loyers accessibles ». La taxe sur les logements vacants devrait être généralisée, et inciterait ainsi les propriétaires à louer leurs logements disponibles. Autre mesure : encadrer la hausse des loyers en la limitant en cas de changement de locataire.
Pour 2010, la Fondation Abbé Pierre suggère également une hausse de 12% du montant des aides personnelles au logement et l'attribution d'un « chèque énergie » aux ménages les plus modestes. Autre réclamation : « la suspension des expulsions locatives des personnes de bonne foi » jusqu'à la fin de l'année.
Laura Jeanneau