Après avoir multiplié les réunions pour s’entendre sur le règlement de la crise de la zone euro, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy se rencontrent à nouveau ce lundi à Berlin, dans une ambiance tendue par les déclarations du chef de l’Etat français concernant la taxation des transactions financières. Le Président a en effet suscité l’agacement de ses partenaires européens vendredi en affirmant son projet d’instaurer très rapidement une taxe Tobin sur les opérations financières, quitte à ce que la France fasse cavalier seul en Europe. La France « n’attendra pas que tous les autres soient d’accord », a ainsi assuré M. Sarkozy. « Si on doit le faire avant les autres, j’espère qu’on le fera avec l’Allemagne », a quant à lui déclaré son conseiller spécial, Henri Guaino.
Une annonce qui semble prendre de court la chancelière allemande Angela Merkel, qui se voulait pionnière dans l’instauration de ce projet de taxe. Pour Berlin, « le but est d'aboutir à l'instauration d'une taxe dans l'Union européenne », a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert. « Il faut commencer par clarifier » les positions de chacun a insisté le porte-parole, qui a par ailleurs confirmé que le sujet serait « sur la table » lundi, lors du déjeuner de travail de Nicolas Sarkozy à Berlin. Par ailleurs, Angela Merkel a reçu le soutien du nouveau chef du gouvernement italien, Mario Monti, qui a jugé « nécessaire que les différents pays n’aillent pas en solitaire dans l’application de cette taxe ». Quant à David Cameron, le Premier ministre britannique, son pays est l’un des opposants les plus farouches à la mise en place de cette taxe, craignant pour la santé de la City de Londres. « Nous verrions partir énormément d’organismes financiers », estime-t-il.
Quant aux réactions de la place financière, elles ne se sont pas fait attendre. Si elle n’est pas étendue à l’Europe cette taxe « affaiblirait l’économie française » et serait « inappropriée » a ainsi estimé l’association Paris Europlace, qui représente l'ensemble des acteurs de la finance française. Pour Laurence Parisot, présidente du MEDEF, cela serait un « mauvais coup » porté au financement de l’économie française. « Nous serions tous perdants » a-t-elle déclaré sur RFI, estimant qu’une telle mesure aboutirait à une « délocalisation massive » des transactions.
Du côté du parti socialiste, les positions sont nuancées. Le député Arnaud Montebourg a déclaré vouloir voter cette taxe et prendre Nicolas Sarkozy « au mot ». Le député Julien Dray redoute quant à lui une mesure « gadget » et « inapplicable ». Pour la candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly, s’est une bonne chose que Nicolas Sarkozy se soit « rallié » à une idée défendue depuis longtemps par les Verts.
Quant à François Bayrou, président du MoDem, il a proposé que la taxe serve au financement de la protection sociale.
Crédit photo : AFP/Archives Bruxelles 2011
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