Tourner la page de la crise de la dette, tel est l’objectif qui va réunir lundi 15h à Bruxelles les chefs d’État et de gouvernement des Vingt-Sept. Au menu de ce sommet, la finalisation du nouveau pacte budgétaire voulu à tout prix par l’Allemagne, qui en a fait la condition sine qua non de sa solidarité européenne. Le texte va imposer la mise en place de règles d’or sur le retour à l’équilibre budgétaire, et introduire des sanctions quasi-automatiques contre les mauvais élèves qui présenteront des comptes publics dans le rouge. Seule la Grande-Bretagne a exprimé en décembre le refus d’y adhérer. Elle a joué, pourtant, la carte de l’apaisement lundi matin, à travers la déclaration à la BBC de son ministre des Affaires étrangères, William Hague, qui a indiqué que son pays ne se lancerait pas, pour le moment, dans un blocage du processus.
Quelques points du traité restent sensibles, notamment le format des futurs sommets de la zone euro, auxquels la Pologne compte s’inviter systématiquement alors qu’elle ne fait pas partie de l’Union monétaire. La France s’y oppose. Il faudra décider également des modalités du régime de sanctions contre les pays qui transgresseront le pacte de stabilité : punir les dérapages portant sur les seuls déficits ou sur la dette globale ? Le Fonds de secours permanent de la zone euro (MES), qui doit être mis sur les rails ce jour, verra peut-être ses ressources augmentées (de 500 à 700 milliards d’euros) si l’Allemagne cède aux appels du pied du Fonds Monétaire International et de la France.
Le sort de la Grèce demeure préoccupant. Le pays fait l’objet de négociations depuis trois semaines avec ses créanciers privés pour effacer quelque 100 milliards d’euros de dette. De cet accord dépend le déclenchement de la seconde phase du plan d’aide à la Grèce, d’un montant de 130 milliards d’euros, mais qui pourrait être revu à la hausse (145 milliards) d’après des sources européennes, en raison de la dégradation de l’économie du pays. L’objectif d’un endettement de la Grèce ramené à 120% d’ici 2020 est plus que compromis, ce qui pousse plusieurs pays de la zone euro, dont l’Allemagne, à demander une tutelle renforcée du pays avec un contrôle européen de ses décisions budgétaires.
Simple séquence d’affichage politique ou annonce de mesures concrètes, les dirigeants entendent mettre l’emploi et la relance de la croissance au cœur du sommet de Bruxelles. Ou, du moins, envoyer un message d’optimisme à leurs opinions respectives. « Il n’y aura ni chiffre, ni décision spectaculaire », prévient le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker. Pour lutter contre le chômage des jeunes et épauler les petites et moyennes entreprises, les partenaires pourraient décider de rediriger certains fonds européens. Dans la pratique, la tâche promet d’être ardue, tant les 27 plébiscitent des leviers de croissance distincts.
Élodie Vergelati
(Avec AFP)
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