L'Espagne, quatrième économie de la zone euro, peine à financer ses banques sinistrées. En cause principalement, le niveau extrêmement élevé de sa prime de risque, c’est-à-dire du prix qu’elle doit payer pour pouvoir emprunter sur les marchés, en raison de sa situation difficile qui ne lui permet pas d’offrir les garanties nécessaires sur sa capacité à rembourser. Dans les faits, l’accès de l’Espagne au marché est donc très limité.
Seul recours envisagé par le gouvernement espagnol face à cette situation : solliciter l'Union européenne. Madrid attend d’elle deux réactions : d’abord, l’intervention de la Banque centrale européenne sur le marché pour faire baisser la prime de risque de l’Espagne et lui permettre d’emprunter à nouveau. Ensuite, la possibilité de renforcer directement les établissements fragiles au travers des fonds européens (le mécanisme européen de stabilité notamment) sans passer par l’intermédiaire de l’État. Cette dernière solution, rejetée ce mercredi par Berlin, risquerait d’amoindrir encore le contrôle de l’État sur les banques.
Pour Cristobal Montoro, ministre espagnol du Budget, le montant dont l’Espagne a besoin « n’est pas astronomique ». La somme est estimée autour d’une cinquantaine de milliards d’euros, soit 5% du PIB espagnol. Il faudra toutefois attendre la publication du Fonds monétaire européen prévue pour le 11 juin pour connaître la somme exacte nécessaire à la recapitalisation des banques espagnoles.
Ces négociations interviennent alors que l’État espagnol s’apprête à investir une part considérable d’argent public pour sauver la congrégation de banques Bankia qui ne réclame pas moins de 19 milliards en plus des 4,5 déjà obtenus, provoquant l’indignation de toute une frange de la population soumise aux politiques d’austérité. Les mobilisations pour protester contre ce sauvetage ne faiblissent pas : des membres du mouvement des Indignés ont indiqué leur intention de déposer une plainte contre les gestionnaires de la banque. De son côté, une cellule anticorruption du gouvernement espagnol vient d’ouvrir une enquête sur Bankia.
Viviane Clermont
Crédit photo : AFP/Archives
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